En quoi devenir papa a fait de moi un meilleur entrepreneur ?

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Mathieu

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18h, Armentières.

Cela fait deux heures que ma femme subit des contractions de plus en plus rapprochées et douloureuses. Je ne peux pas faire grand chose mais j’ai en tête le trajet jusqu’à la maternité.

Tant mieux, car il est temps de partir. Les valises sont déjà prêtes. Je les range dans le coffre tandis que ma femme s’installe tant bien que mal.

A ce moment-là, je sais que ma vie va changer.

Mais c’est 24 heures plus tard (le lendemain donc) que je ressentis au plus profond de moi que ma vie allait changer : notre petite fille est née le 26 Août 2018 à 18h22.

Je ne vais pas vous parler de tout le bonheur que j’ai pu ressentir ce jour-là, ou de toute la joie de devenir chaque jour un peu plus parent…

Mais j’ai lu peu d’articles ou de contenus sur ce changement de vie. Très peu d’entrepreneurs (papa) partagent (ou vivent?) cette expérience.

Et à vrai dire, cela m’a manqué le jour où j’ai su que j’allais bientôt être père.

Beaucoup de questions trottaient dans ma tête :

  • Vais-je réussir à concilier les deux, mon bébé et mon entreprise ?
  • Et si on n’arrive pas à trouver de crèche et que je doive m’occuper du bébé toute la journée ?
  • Et si je n’arrive pas à dormir à cause des pleurs ?
  • Et si je dois m’arrêter de travailler pendant plusieurs semaines pour une raison X ou Y ?

Bref, tout un tas de questions qui peuvent s’avérer angoissantes quand une telle nouveauté arrive dans votre vie.

On a anticipé au maximum avec ma femme l’arrivée de la petite. Et j’en ai fait de même avec mon entreprise.

Du coup, aujourd’hui, je suis plus serein ET je profite de ma famille.

Je vous partage dans cet article en quoi devenir le père du plus beau bébé du monde (désolé, c’est la vérité : on a voté et elle a été élue, j’y peux rien !) m’a permis de mieux appréhender ma mission d’entrepreneur.

De grandes décisions prises en tant qu’entrepreneur (futur-) papa

Depuis le premier jour de ma nouvelle vie entrepreneuriale, je sais une chose : je ne veux pas créer la prochaine Start-Up qui lève des millions ou faire tourner un business en (pseudo-)automatique pour me louer une Porsche afin de faire rêver les autres.

Non, moi depuis le départ, j’ai l’idée d’une entreprise qui me permettra de :

1) Vivre confortablement.

2) Donner du sens à ma vie.

Pour le deuxième point, je vous en parlerai un peu plus tard.

Mais ce qui nous intéresse immédiatement est le premier point.

Concrètement, que veut dire pour moi “vivre confortablement” ?

C’est le mélange de trois saveurs :

  • pouvoir profiter pleinement de mes proches. Si je veux ne pas bosser une journée pour faire une activité en famille, je ne veux SURTOUT pas demander la permission à un patron ;
  • avoir un niveau de vie qui me permette de ne pas “regarder le montant en bas de mon ticket de course” comme dit mon père ;
  • ne plus jamais être proche du burn-out : déjà vécu, non merci !

Maintenant que les objectifs sont posés, petit retour en arrière.

On est le 15 Novembre 2017 et j’apprends l’heureuse nouvelle : on va avoir un bébé !

papa entrepreneur

Tout de suite, mon cerveau se met en branle : je dois activer plus sérieusement le plan “Vivre confortablement de son activité”.

Donc je prépare, du mieux que je peux, ce futur changement de vie.

Et là, je prends trois grandes décisions :

  1. me focaliser sur une stratégie blog + email pour faire grossir une base de données de potentiels prospects avec lesquels j’entame une grande discussion;
  2. me concentrer sur le coaching en développement commercial pour les indépendants;
  3. refuser de travailler avec un gros compte pour ne pas dévier du deuxième choix.

Gros ouf de soulagement une fois ces décisions prises. Et les effets de ces deux décisions commencent à se faire ressentir immédiatement : je fais en 3 mois tout le chiffre d’affaires de ma première année.

Une préparation titanesque pour anticiper l’arrivée de bébé

Petit bond en avant. Nous sommes le 12 Mars 2018.

Je veux aller plus vite dans l’atteinte de cet objectif ET, je compte ne pas bosser en Août et Septembre pour profiter à fond de ce beau moment qui m’attend.

Je me lance donc dans le lancement de deux offres qui me permettront, sur le papier, de mutualiser les ressources afin d’accompagner plus de clients.

Pendant cinq mois, je travaille comme un acharné pour sortir un programme de MasterClass en physique et un programme de formation en ligne (40h de vidéo, grosse erreur).

Les deux offres rencontrent leurs clients mais… je sors rincé de cette expérience.

On est en Juillet et le bébé arrive. C’est le chamboulement dans ma tête : je n’ai pas l’impression d’avoir véritablement fait le “boom” entrepreneurial que j’espérais et… je suis crevé.

Malgré tout, lorsque mon enfant naît, j’ai six mois de salaire devant moi : je suis financièrement serein, même si mon modèle économique a du mal à se constituer dans mon esprit.

Ambiance mi-figue, mi-raisin

C’est donc dans une ambiance cérébrale mi-figue mi-raisin que je passe le premier mois en off avec ma femme et mon enfant.

Résultat des courses : mon esprit est souvent pris par ma boîte. Je n’arrive pas à profiter pleinement du moment présent.

Je refais 50 fois mentalement mon business model : “Ah mais je pourrais faire ci et ça.”, “Ah mais finalement, ça c’était la bonne idée.”, “Ah finalement non, si je reprends les choses comme ça, ça ira mieux”.

Je regarde de temps en temps mes mails. Je n’arrive pas à complètement décrocher. C’est assez dur à vivre car du coup, je me sens frustré.

Frustré de ne pas avancer. Frustré de ne pas profiter.

La fatigue des premières (non-)nuits ajoutent à ce vacarme mental.

Jusqu’à ce que la vérité éclate

Jusqu’au jour où ma femme me le fait savoir : je ne partage pas un vrai moment avec eux.

Je suis là physiquement, mais pas présent émotionnellement.

Et je me dis que je suis en train de passer à côté d’un moment important de ma vie.

Il est temps de remettre les choses dans le bon ordre : à cet instant, ma priorité est ma famille, pas mon entreprise.

La décision est prise : je ne regarderai pas mes mails ou ne me pencherai pas sur ma boite pendant les 10 jours qui suivent. Jusqu’au 1er Octobre, date à laquelle on s’était accordé avec Madame pour que je reprenne mon activité.

Ce fût une des meilleures décisions que j’ai pu prendre.

Une remise en route plutôt compliquée

Avance rapide.

Nous sommes le 1er Octobre, date officielle de la reprise.

C’est un mélange d’excitation et de peur qui m’envahissent.

Excité car je suis content de retrouver mes clients et relancer tous mes projets.

Peur puisque je me suis fixé plein d’objectifs et que je ne suis pas sûr de les atteindre.

Je lance donc les gros chantiers prévus : lancement de la deuxième session de ma MasterClass, séquence de mail pour présenter une autre offre…

J’inonde mes prospects de mails (clairement : c’est trop = je ne referai plus la même chose), mais je me dis qu’ils m’attendent de toute façon.

Hum, pardon, excusez-moi Monsieur Doumalin.

– Oui, bonjour, à qui ai-je l’honneur ?

– Bonjour, enchantée de faire votre connaissance. Voilà, je me présente : je suis la réalité, et je viens pour vous mettre un gros coup de poing dans le visage.”

Et oui : personne ne m’attend.

C’est tellement évident que j’en ris en l’écrivant.

Une leçon à retenir

Mais leçon à retenir : PERSONNE ne vous attend.

Tout le monde a mieux à faire et s’intéresse en priorité à une seule chose : soi-même.

La seule chose qui puisse faire que quelqu’un vous attende, c’est :

1) Créer une superbe relation avec lui (notamment en lui montrant que vous vous intéressez vraiment à lui).

2) En lui proposant ce qu’il veut : des conseils et un bon moment.

Donc si on résume mes actions sur ces premières semaines en trois mots : moi, moi, moi.

Pas bon…

Et autre retour de bâton inattendu…

Et deuxième coup de poing : je n’ai pas le même emploi du temps qu’avant. Mon quotidien change radicalement.

Je suis plutôt du genre très matinal. J’adore bosser tôt le matin.

De plus, je m’étais habitué à faire des journées longues, avec beaucoup de rencontres et échanges.

Mais maintenant, ce n’est plus possible : j’ai un bébé auquel je dois m’adapter, même si ma femme est encore en congés jusqu’à son arrivée en crèche (oui, j’ai eu de la chance).

Cette nouvelle contrainte m’angoisse car elle m’empêche d’avancer comme je le souhaite. Mon quotidien ressemble à un cafarnaum, et j’ai beaucoup de mal à le gérer.

Émotionnellement et physiquement.

Heureusement, il y a eu ce déclic !

Quand un échec cuisant me remet en selle

Le déclic se passe le jour où je fais mon premier webinar devant 50 personnes. Je leur fais un cours sur la stratégie commerciale et leur donne des actions concrètes à mener.

Que des bons retours. Les personnes présentes apprécient mon apport et notre interaction.

Une fois l’heure passée, j’en profite pour leur présenter mon offre d’accompagnement.

Je suis plutôt serein : il y a du monde, les gens ont compris que je pouvais les aider, je vais sûrement avoir quelques clients.

RIEN. NADA. QUEUD’CHI.

C’est un choc : la suite logique d’actions et de résultats que j’avais imaginées dans ma tête pendant ma période “off” s’est avérée inexistante.

La réalité est dure : personne ne m’attend.

Elle me dit : « Tu te désaxes de ce qui a fait tes premières réussites. Tu te précipites.« 

Ma confiance est à ce moment-là plutôt basse. J’ai du mal à me ressaisir.

Votre entourage guide votre réussite

Mais heureusement, j’ai trois ressources magiques à ma disposition :

  • ma femme qui me soutient indécrottablement, et ma fille avec laquelle je partage vraiment des moments = cela me remonte systématiquement moral et confiance ;
  • mes clients qui me motivent par leurs résultats, leur enthousiasme et leur motivation ;
  • et les nombreux échanges que j’ai avec d’autres amis entrepreneurs, dont Robin avec qui nous avons lancé un Podcast hebdomadaire où nous échangeons sur nos vies quotidiennes d’entrepreneur.

C’est dans cet écosystème bienveillant et enthousiasmant que j’ai retrouvé confiance et motivation.

Pour prendre une nouvelle décision. Cette fois-ci, pour mon entreprise.

Une prise de décision radicale en tant que chef d’entreprise

Je m’étais relancé sur des tas de projets et d’idées différentes.

Entre la reprise de mes coachings, le lancement de mon webinar, la relance de prospects, le déploiement de nouvelles idées… je me suis perdu et démotivé.

C’en était trop : je finissais ma journée de travail 1) trop tard et 2) trop fatigué pour être tranquille avec mon bébé et ma femme.

Cela ne ressemblait pas une seule seconde à l’idée que je me faisais de ma vie. Ce n’était pas pour ça que j’avais lancé ma boite.

Décision radicale : je me recentre sur ce que je fais de mieux. Et je capitalise. Je ne tente pas de nouvelles choses.

Premier élément : mon dada, c’est le coaching. J’adore accompagner des indépendants et entrepreneurs dans la structuration de leur stratégie commerciale. C’est mon fond de commerce.

Je me demande donc :

1) Comment devenir encore meilleur ? 

2) Comment en faire plus sans perdre en qualité et en retours financiers ?

Solution trouvée : je redessine mes offres pour qu’elles soient plus attractives et productives. Au top.

Deuxième élément : mes principaux canaux de prospection ?

Pas la peine de lancer un Instagram ou de faire des webinars. Ce qui fonctionne aujourd’hui pour moi est mon blog et Linkedin.

La question est donc : comment puis-je capitaliser dessus ?

Réponse : je me remets à écrire tous les jours sur Linkedin et entrer en relation avec des personnes intéressantes et potentiellement intéressées par mes services.

Ensuite, j’écris tous les jours entre 500 et 1000 mots pour mon blog, j’optimise mes articles existants pour le référencement naturel et les enrichis.

Plus des articles invités (comme ici sur le blog de LiveMentor).

papa entrepreneur

Troisième élément : j’adore échanger et rencontrer du monde.

Mais je ne veux plus passer mes soirées ou matinées dans des rencontres de networking.

Question : comment faire ?

Solution : Je fais mon propre Meet-up, en partenariat avec une amie ET je lance mon podcast, en partenariat avec un ami.

Et oui, le lien entre les deux est que mes projets annexes sont faits en équipe. Du coup, ils se lancent et me prennent moins de temps. Avec plus de retours car nous mutualisons les ressources de communication.

Enfin, quatrième et dernier élément : je retrouve le sens à mon entreprise. Je dois m’aligner de nouveau avec ma mission.

Je réponds à cette question : Pourquoi mon entreprise existe-t-elle/doit-elle exister ?

La réponse est claire : je veux aider un maximum de freelance, entrepreneurs et experts à développer leurs compétences stratégiques et commerciales.

Tout ce que je fais doit aller dans ce sens. Ce qui en sort n’est pas une priorité.

Aujourd’hui : mon entreprise se porte parfaitement bien.

Je retrouve le plaisir de travailler avec des clients.

Et surtout, je vois les résultats, je vois l’impact de nos collaborations.

Et c’est le meilleur fluide possible pour ma boite.

Du coup, le soir, quand je retrouve ma fille, je suis pleinement dans l’instant présent.

Je profite 🙂

En conclusion

J’ai assurément de belles aventures devant moi (enthousiasmantes et/ou angoissantes), mais de ces premiers mois, je retiens quatre enseignements.

J’ai sûrement oublié ces quatre principes dans le tumulte de mon quotidien entrepreneurial avant l’arrivée de mon bébé.

Pourtant, aujourd’hui (et c’est pour cela que j’écris cet article), je veux les graver noir sur blanc pour ne pas les oublier.

Ces quatre enseignements, les voici :

  • Fixe-toi une mission avec ton entreprise, et rappelle-la toi dès que tu doutes ou zigzagues dans tes actions ;
  • Capitalise sur tes forces avant de renforcer tes faiblesses : tu auras de bien meilleurs résultats ;
  • Ne réinvente pas systématiquement la roue : quand tu as un système, une offre ou une action qui fonctionne, répète-la et optimise-la ;
  • Tu as créé ton entreprise car tu étais en quête de quelque chose (indépendance, liberté…). Ne copie pas les autres, construis plutôt l’entreprise qui te ressemble.

J’espère que ces enseignements résonnent en vous comme ils le font en moi.

N’attendez pas de devenir parent pour les mettre en application : le jour venu, vous pourrez encore plus en profiter !

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Mathieu

J'aide les indépendants à vivre confortablement de leur activité en les aidant à acquérir les bonnes compétences de vente, et à structurer leur stratégie commerciale. Sinon, je suis aussi jeune papa heureux et jammeur dans mon équipe de Roller Derby. Et j'adore la tarte au citron. Vous savez tout !