Quand la solitude de l’entrepreneur te frappe de plein fouet…

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Cindy Latouche

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Il était une fois…

Il y a bien longtemps, dans une contrée lointaine, vivait un troupeau d’hippopotames. Des hippopotames en tutu rose. Oui. En tutu rose. Ils ne se quittaient jamais. Parcouraient le monde. Traversaient les épreuves ensemble. Restaient unis. Et c’était leur force. 

Hélas, l’Histoire est toujours la même. Trop de bonheur attise peur et convoitise. Ainsi, le Seigneur de la contrée décida de les éparpiller aux quatre coins du monde…

Tous ces pauvres petits nippopotames (oui, oui, avec un “n”) se mirent à errer, perdus dans les grandes villes, les contrées sauvages, les îles hostiles. Ils essayaient de se fondre dans la masse. De faire leur petit bonhomme de chemin. Chacun de leur côté. En vain.

(C’est une histoire très, très triste.)

Ils tentaient un sourire à droite (“Mon Dieu, vous avez vu ces canines ??”), une courbette à gauche (“Waw ! Qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ?”) Mais comment auraient-ils pu passer inaperçu ? Vous avez déjà vu un hippopotame en tutu rose ??

Quatre mètres de long.

Trois tonnes.

Un tutu…

Leur sort semblait scellé lorsque l’un d’eux se mit en tête de partir en quête des autres. Non, il ne laisserait pas le Seigneur de la contrée les vaincre ! Il allait partir à la recherche de tous les autres hippopotames en tutu rose ! Ils seraient à nouveau réunis, il en était certain ! Longue vie aux HTR !!

Croyez-le ou non, mais à force de persévérance, il commença à les retrouver. Un par un.

À nous retrouver…

C’est donc officiel…

Oui, chères entrepreneuses, chers entrepreneurs. Nous sommes officiellement un troupeau d’HTR. Et fiers de l’être !

Allons, allons, Messieurs, ne soyez pas timides. Remplacez le tutu par un autre accessoire, si cela vous convient mieux. Mais attention ! Respect de l’abréviation !

Hippopotame en training rouge ;

en tong rwandaise ;

en t-shirt rayé ;

Y a des soirs où la solitude de l’entrepreneur se fait ressentir…

J’ai écrit le fameux post de l’hippo sur le groupe LiveMentor, en rentrant d’une soirée où j’aurais apprécié quelques questions concernant mon projet, mais qui n’étaient jamais venues. Oui, oui, je sais. Tout le monde a ses problèmes. Ses soucis. Ses (pré)occupations. Mais quand les questions ne viennent pour ainsi dire jamais, je m’interroge.

Bien sûr, l’essentiel est de croire en nous, en nos projets !

D’avancer envers et contre tout !

De braver courants et marées !

De vaincre la tempête !

Mais j’avoue que les quelques personnes de mon entourage qui se montrent présentes me font du bien.

Leurs questions réellement intéressées.

Leurs encouragements.

Leurs paroles réconfortantes quand je les appelle en pleurs parce qu’on est le 19 avril, 22h et que je n’ai pas encore fini ma déclaration trimestrielle pour la tvaaaaaaa, que j’en ai maaaaarrrreee de ces tableaux Exxccceeeeeellll, que j’ai mal à la têêêêêête et que de toute façon mon projet est trooooop nuuuuul parce que sinon j’aurais déjà gagné suffisamment d’argent pour me payer un comptaaaaaable.

J’estime être quelqu’un de fort. Je traverse les épreuves.

Je tombe.

Je me relève.

Plus ou moins vite selon la hauteur de la chute. (Et les douleurs occasionnées.)

Je repars.

J’avance.

Mais je manque de confiance en moi. Et c’est là que le bât blesse. Je suppose…

Pour être honnête, je ne m’attendais pas à autant de réactions suite à mon post, ce soir-là.

Et cela m’a fort touchée.

J’ai été touchée par les messages d’encouragements. Touchée que mon texte fasse du bien à ceux ou celles qui se sont reconnu(e)s. Touchée que certaines personnes changent leur photo de profil pour la remplacer par celle d’un hippo…

Je n’avais pas conscience, jusqu’alors, à quel point la solitude de l’entrepreneur était répandue.

The post

(Pour ceux et celles qui l’ont déjà lu sur le groupe, pause pipi et rdv au chapitre suivant !)

C’est l’histoire d’un hippopotame en tutu rose…

Ledit hippopotame en tutu rose, en l’occurrence, c’est moi. Oui, moi.

Vous le connaissez, n’est-ce pas, ce sentiment d’inadéquation totale qui vous submerge lors de certaines soirées entre potes / soupers de famille ?

– Pardon, c’est bien ici la soirée hippo-ballerine initiation ?

– Aaah non, Madame, ici c’est la soirée queue de pie, niveau avancé.

– Ah, désolée. Bon, ben, je peux rester maintenant que je suis là ? Promis, je me ferai aussi petite que possible…

(Meeeerde, mais qu’est-ce que je fous iciiii ???)

Il arrive vraiment que je me pose des questions sur le bien fondé de mes projets.

« Si c’était vraiment intéressant, on me poserait quand même plus de questions sur l’avancée, le contenu, les enjeux. Non ? »

« Si c’était vraiment un bon projet, il y aurait quand même plus de réactions de la part de mon entourage, sur Facebook ou aux événements que j’organise… ? »

Attention, l’hippo en tutu rose ne va pas faire sa rabat-joie à outrance, ah ça, non ! J’ai 2 – 3 amies qui me soutiennent, qui me posent des questions, qui likent mes posts… Et je les en remercie grandement ! Mais sérieusement, 2 – 3 ??

Et le reste alors ?

Pourtant, je vois bien qu’ils sont actifs sur Facebook. Alors quoi ? Un petit like sur un de mes posts représente-t-il un effort surhumain ? Un petit like prend-il énormément de temps ? Un petit like provoque-t-il une entorse du pouce ?

A moins qu’un petit like ne les renvoie à leur propre désir de création de projet échouée ou remise à plus tard ?

Je ne sais pas.

Il y a des jours où ça me passe au-dessus de la tête. Et puis il y a les soirs où je le prends plus à cœur. Sans réelle raison apparente. Des soirs où la solitude de l’entrepreneur pèse un peu plus que d’autres.

Je vais vous dire. Heureusement que ce groupe existe. Un groupe rassemblant tous les autres hippopotames en tutu rose (si les gars, sorry, c’est comme ça, voyons les choses en face !).

Ça fait du bien, un peu de bienveillance et d’encouragements. De conseils constructifs ! Ça fait du bien, nos soutiens mutuels dans nos projets !!

Bref, demain, on oublie ça, et on repart !!

Et sur ce, je m’en vais regarder la fin de l’enregistrement de Kho-Lanta. (Vous croyez qu’il y a des hippo aux Fidji ??)

La bise à tous les tutus roses qui ont atterri au mauvais endroit ce soir…

Alors… On les gère comment, nos amis, quand on est un HTR ?

Oui, me direz-vous, c’est bien beau, toutes ces histoires de mammifères à grandes canines, mais au final, on fait quoi avec nos potes-qui-n’en-ont-rien-à-foutre ?

Je me suis penchée sur cette excellente question. Et j’ai trouvé quelques pistes. Je vous en propose 5, à tester sans modération. N’hésitez évidemment pas à rajouter vos idées ou expériences en commentaires !! Lâchez-vous ! Plus on a de pistes, plus on sera armés face à nos potes… et moins on ressentira la solitude de l’entrepreneur !

Piste 1- On fait comme eux :

  • le pote : Heeeyyy salut ! Tu sais pas quoi ? Je viens d’enregister un nouveau morceau avec mon groupe, je sens que ça va CAR-TON-NER !
  • HTR : Ah oui ? Super. Tiens, tu peux me passer le sel stp ?

Piste 2- On fait son Marseillais :

  • le pote : Et sinon, ça va ?

(On se fiche de savoir si la question concerne notre projet ou pas.)

  • HTR : Rhoooo ouaaaiiis ! Ça cartonne mon projet, mec !! Truc de dingue ! Je pense que j’ai jamais aussi bien vendu que le mois dernier !! Si ça continue, je vais devoir engager une stagiaire !!

(Et puis on va verser une larme dans un coin parce qu’en vrai, on a vendu que dalle le mois dernier…)

Piste 3– On pousse une bonne gueulante :

  • le cousin : Waaahhh, regardez le bug qui passe sur Facebook en ce moment !!!
  • le neveu : Fais voir !! Hahaha trop bon !
  • Mémé (voix chevrotante) : Rhooo, si vous arrêtiez un peu avec vos téléphones, là…
  • le cousin et le neveu : Mémé, c’est comme ça maintenant ! Tout se passe sur Facebook, sinon on est has-been !!
  • HTR : AH OUAIS ??? MAIS P… DE B… DE M… !!! TU LA VOIS CETTE PUBLICATION, LÀ ?? OUI ! CELLE QUE TU AS PASSÉE 8 FOIS EN FAISANT MONTER ET DESCENDRE TON FIL D’ACTUALITÉ !! OUI CELLE-LÀ !! ÇA T’ARRACHERAIT LE C…  D’APPUYER SUR LE POUCE LÀ ????

(A éviter si mémé a 90 ans ou si le neveu de 10 mois est présent dans la pièce.)

Piste 4– On sort les larmes.

(Pour plus d’effet, épluchez un oignon juste avant.)

  • HTR : Non, mais, sérieux les gars (renifle, renifle)… En fait… mon projet (renifle, renifle)…  ça ne vous… (renifle, renifle) intéresse (renifle, renifle) pas du tout en fait ?
  • le pote : Attends, c’est quoi encore ton projet ? Tu vends des fringues de foot c’est ça ?

(No comment.)

Piste 5– On leur dit la vérité…

  • HTR : Ecoute, je voulais te parler de quelque chose qui me tracasse depuis un petit temps… En fait, ça me blesse que tu ne me poses jamais de questions concernant mon projet. Je ne voudrais certainement pas qu’on en parle tout le temps, mais une petite réaction de temps en temps sur les réseaux sociaux, ou une petite question quand on va boire un verre me ferait plaisir.
  • le pote : …
  • HTR : Allez, à toute !

Attends, c’est quoi encore ton projet ? Tu vends des fringues de foot c’est ça ?

Alors, non, je ne vends pas des fringues de foot…

Je donne 6h de cours de Spinning par semaine, en plus de mes autres activités professionnelles. Le Spinning est un cours cardio qui se donne généralement dans les salles de fitness. On est sur des vélos, je prépare un mix de musique et un “parcours”, et c’est parti pendant 1h. Le “vrai” Spinning (parce qu’il y a malheureusement beaucoup de variantes qui ne respectent pas les principes de base) est très axé “body & mind”. On lie le cardio et le relâchement mental. On part sur la route, on se vide la tête, on se recentre sur soi. Cela permet de déconnecter si on arrive à sortir la tête du rush de la vie quotidienne.

Depuis quelques années, j’avais du mal à trouver des vêtements de sport qui me plaisaient: toujours la même chose, les mêmes marques. Au final très peu de choix pour les nanas. Or, quand on donne des cours, c’est quand même bien de ne pas porter les mêmes tenues pendant 10 ans (ce qui était plus ou moins en train de m’arriver…). Je me suis alors dirigée vers certains sites, mais trop de choix tue le choix et je quittais systématiquement les sites sans rien acheter, après avoir passé un temps dingue à comparer les prix, les modèles,…

L’idée commence donc à germer. Je vais trouver des marques originales, féminines, qu’on ne trouve pas dans les magasins de sport ici, à Bruxelles.

Après des mois de recherches sur internet, de nombreux échanges de mails, quelques déceptions (ben oui, sinon ce n’est pas drôle, n’est-ce pas ?), je finis par trouver mon bonheur. Je reçois l’autorisation de distribuer deux marques de vêtements de fitness/yoga, qui me plaisent énormément, qui correspondent exactement à ce que je recherche : Lorna Jane et Urban Goddess.

Lorna Jane est une marque australienne, qui présente des modèles très féminins, aux designs originaux. Ils utilisent des matériaux plus techniques.

Urban Goddess est une marque hollandaise et est plus axée sur le yoga. Ils sont éco-responsables dans la fabrication de leurs vêtements (coton bio, respect des conditions de travail,…).

À ce moment, je lance la machine. J’entame toutes les démarches nécessaires. Et ça part dans tous les sens !! C’est dingue le nombre de choses auxquelles il faut penser !! Tout l’aspect administratif (berk), la création du logo, la définition de l’identité du projet, les commandes des premiers articles (rho la la, j’en prends combien ??), la création des cartes de visite, l’achat d’enveloppe (rose évidemment !!) pour envoyer les commandes, les recherches d’info concernant les prix d’envoi, la création du site e-commerce, la recherche des CGU et autres joyeusetés (berk – bis), l’encodage des articles, la création des pages Facebook et Instagram, la gestion du stock, etc etc etc etc etc !!!

Soyons honnête, je cours comme une poule sans tête… mais j’avance !

Quelques mois plus tard, en juin 2017, je lance officiellement mon projet :

Evidemment, les premiers clients n’arrivent pas tout de suite… Je patauge un peu. Je me pose des questions. Comment faire connaître ce projet, comment toucher les femmes concernées ?

En septembre 2017, je commence la formation Marketing Digital de LiveMentor. On met des choses en place avec Alex, le directeur de cette école en ligne. Je me lance dans l’organisation de petits événements de yoga, pour pouvoir présenter les vêtements en direct aux participantes.

Ça marche ! Le fait de rencontrer les femmes, échanger avec elles, m’engendre les premières ventes !

Premier pivot ! We’re Just 4 Girls ouvre une branche “événements” !! Je commence à organiser plusieurs événements : dans le studio de yoga d’une amie, dans un studio de Pilates, dans les clubs où je donne cours. Les résultats sont positifs !

Je me lance alors dans l’organisation d’événements à plus grande échelle : du Yoga dans les musées de Bruxelles ! Grande réussite : Yoga au Muséum des sciences naturelles !

J’ai le sentiment d’avancer dans la bonne direction. Bien sûr, la solitude de l’entrepreneur est toujours là ; il y a des hauts et des bas, mais j’avance. Un pas à la fois. Je me répète souvent cette phrase, car je ne suis pas de nature patiente…

Alors voilà…

Est-ce qu’un peu plus de potes s’intéresseront un jour à l’avancée de mes projets ? Pas sûre…
Est-ce que j’arriverai à croire en mes projets sans une approbation extérieure ? J’y travaille…
Est-ce que je pourrai un jour vivre de mes projets ? Je l’espère…
Est-ce qu’Alex portera des chaussettes de 2 roses différents lors du prochain Live à Paris ? Mystère…

Mais une chose est sûre. Faire partie de la communauté LiveMentorienne, quand on est seule dans son projet, est un énorme atout. Tant sur le plan humain, que sur le plan des apprentissages.

Et je ne regretterai jamais d’avoir appuyé sur le lien qui me mena au premier live, à ma première rencontre avec les autres HTR, le lundi 28 août 2017…

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Cindy Latouche

Amoureuse des mots depuis toujours et auteure d’un roman jeunesse, je me lance en tant que rédactrice indépendante en 2018. Quel bonheur ! Je me sens enfin alignée avec mon activité professionnelle et peux mettre ma plume au service des autres.