Gestion des charges en tant qu’auto-entrepreneur : Comment faire ?

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Eric Renaud

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Le mode de vie en freelance vous séduit, mais vous avez cette petite phobie administrative et comptable qui vous fait frémir ? TVA, CFE, versement libératoire, cotisations URSSAF… Les déclarations et les charges pour l’auto-entrepreneur sont nombreuses. Vous ne savez pas très bien par où commencer. Pas de panique, nous allons décortiquer tout ça pour vous aider à y voir plus clair si vous avez créé une auto-entreprise.

Mais avant de commencer, voici un plan de l’article pour bien guider votre lecture :

1) Quelles sont les différentes charges pour un auto-entrepreneur ?
2) Où payer ces charges ?
3) Quels outils pour gérer ses charges en auto-entrepreneur sans se prendre la tête ?
4) Indexer son salaire sur la base des charges

3, 2, 1, c’est parti pour un petit point comptable ! 

1) Quelles sont les différentes charges pour un auto-entrepreneur ?

les differentes charges en tant que auto entrepreneur

Lorsqu’il exerce son activité professionnelle, l’auto-entrepreneur doit faire face à différentes charges, à savoir : 

Toutes ces charges pèsent sur son budget au quotidien. Détaillons ensemble chacun de ces postes de dépense. 

Taxes et cotisations sur le CA

En auto-entreprise, vous pouvez être amené à payer plusieurs taxes et cotisations sur la base de votre CA : 

  • Les cotisations URSSAF, comprises entre 12,9% et 22,2% selon votre type d’activité ;  
  • La TVA, la taxe sur la valeur ajoutée, si vous dépassez un certain seuil, à savoir 85 800 € pour l’achat vente de biens et 34 400 € pour les services.

H4 : Les cotisations URSSAF

Les cotisations URSSAF servent à financer votre protection sociale (retraite, assurance maladie, etc.). Vous avez le choix de les déclarer : 

  • Trimestriellement ;
  • Mensuellement.

Ces cotisations représentent un certain pourcentage de votre CA. À cela s’ajoute la taxe de formation qui finance votre compte personnel formation (CPF). Le taux prélevé dépend de votre cœur de métier. Celui-ci peut relever : 

  • Du régime des Bénéfices industriels et commerciaux (BIC), il s’agit des activités d’achat-vente (vente en ligne, sur des salons, etc.), artisanales (coiffure, esthétique, traiteur, etc.) ou de services commerciaux  (VTC, diagnostiqueur immobilier, etc.) ;
  • Du régime des Bénéfices non commerciaux (BNC) à savoir des professions libérales 
  Activité Cotisations sociales Taux de cotisation pour le CPF Total
Bénéfices industriels et commerciaux (bic) Vente de marchandises  12,8 % 0,1 % 12,9 %
Prestation de services artisanale 22 % 0,3 % 22,3 %
Prestation de services commerciale  22 % 0,2 % 22,2 %
Bénéfices non commerciaux (BNC) Libérale 22 % 0,2 % 22,2 %

Par exemple, un auto-entrepreneur avec un site d’e-commerce qui fait 4 200 € de chiffre d’affaires sur un trimestre sera redevable de 541,8 € de cotisations URSSAF (12,9% ex 4200 = 541,8). 

À titre de comparaison, un rédacteur web indépendant avec un chiffre d’affaires de 4 200 € sera soumis à une cotisation sociale trimestrielle de 932,4 €  (22,2% x 4 200 € = 932,4 €).

La TVA

Au-dessus d’un certain seuil de chiffre d’affaires, l’auto-entrepreneur doit collecter la TVA. Le plafond de TVA auto-entrepreneur est de : 

  •  85 800 € pour les ventes de marchandises ;
  •  34 400 € pour les prestations de services. 

Bon à savoir : Lorsque vous collectez la TVA, vous pouvez la déduire de vos achats engagés dans le cadre de vos frais professionnels !

CFE

La Cotisation Foncière des Entreprises est une taxe à payer sur les locaux de votre entreprise. Si vous travaillez depuis chez vous, c’est votre domicile qui est soumis à la CFE. Cette taxe est perçue par les collectivités. Chaque collectivité est libre de fixer son taux.

Cette taxe est payée en fin d’année. L’autoentrepreneur reçoit un avis des impôts en novembre et la règle en général mi-décembre. Pour en calculer le montant, on vous donne la formule :

CFE = valeur locative cadastrale* x taux de la collectivité

*Selon le site des impôts, “La valeur locative représente le niveau de loyer annuel théorique que la propriété concernée pourrait produire si elle était louée”.

Par exemple, le taux d’imposition à Paris est de 16,52 %. Admettons que la valeur locative cadastrale de votre appartement soit de 4024 € (cela correspond à un bien de 35 m2 environ dans le 17e arrondissement), votre CFE sera de 664,76 €. 

Bon à savoir : Minimisez l’impact de la CFE sur vos charges d’auto-entrepreneur !

Plusieurs situations permettent une exonération de CFE :

  • La première année d’activité, vous êtes exonéré de CFE
  • C’est également le cas si votre chiffre d’affaires ne dépasse pas un certain seuil. Comme le précise le site du service public, « les entreprises réalisant un chiffre d’affaires ou de recettes inférieur ou égal à 5 000 € sont exonérées de CFE ». 
  • En outre, il est possible de réduire le montant de ces charges en déclarant simplement une pièce comme étant votre lieu de travail (par exemple, si vous n’utilisez que votre salon pour travailler). Votre CFE sera alors établie au prorata de la surface déclarée. 

Frais professionnels

On appelle « frais professionnels », tous les frais engagés pour permettre la bonne réalisation de votre activité professionnelle. Parmi ces frais, on trouve souvent : 

  • Les factures de téléphone et d’internet ; 
  • Les factures de gaz et d’électricité ; 
  • Les assurances professionnelles, notamment la responsabilité civile professionnelle ; 
  • La complémentaire santé ou mutuelle, si vous décidez d’en souscrire une. 

Ces frais induisent également l’achat de matériel (ordinateur, papèterie, etc.). 

Bon à savoir : pour optimiser ces frais, vous pouvez décider de contacter le fisc et de collecter la TVA ! Vous pourrez la déduire ensuite sur vos achats. Par exemple, si vous avez 3000 € de TVA à payer et que vous achetez 1800 € de matériel TTC, celui-ci sera soumis à 300 € de TVA. Il faudra la décompter de la TVA à payer. 3 000 – 300 = 2 700. Vous pourrez gagner 300 € sur vos achats. Intéressant, non ?

Impôts

Le fisc considère que le chiffre d’affaires de la microentreprise est l’équivalent de son bénéfice. En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez donc payer des impôts sur le revenu (IR) en fonction de votre chiffre d’affaires. 

Vous avez le choix entre : 

  • Le prélèvement à la source (PAS) ; 
  • Le versement libératoire de l’impôt sur le revenu. 

Regardons un peu ce qui se passe dans ces deux cas de figure.

Le prélèvement à la source

Si vous faites le choix du prélèvement à la source, le barème de l’impôt sur le revenu est généré par tranche comme le montre le tableau suivant. 

Tranches Taux d’imposition 
Jusqu’à 10 084 € 0 %
De 10 085 € à  25 710 € 11 %
De  25 711 € à  73 516 € 30 %
De  73 517 € à 158 122 € 41 %
Plus de 158 122 € 45 %

Ainsi, si vous avez fait un chiffre d’affaires de 33 000 €, le fisc considère que votre revenu annuel est de 33 0000 €. Toutefois, pour prendre en compte les charges professionnelles (loyer, équipements, factures de téléphonie, etc.), l’administration fiscale a mis en place un abattement.

Celui-ci est de : 

  •  71 % pour les activités d’achat-revente ou de location de logement ; 
  • 50 % pour les prestations de services commerciales (un agent immobilier, un livreur, etc.) ou artisanales (coiffeur, toilettage canin, etc.) ; 
  • 34 % pour les activités relevant de bénéfices non commerciaux (BNC), comme les graphistes ou experts-comptables.

Selon l’activité, l’imposition sera un peu différente. Et c’est là que ça peut devenir coton ! Vous commencez à vous perdre dans les chiffres ? Prenons plusieurs exemples :

  1. Arthur a monté son auto-entreprise : une activité d’achat et de vente de livres anciens sur internet. Son e-commerce a fait un chiffre d’affaires de 33 000 €. Il dispose donc d’un abattement fiscal de 71%, soit 23 430 € (33000 x 71% = 23 430). Il sera donc imposé sur la base de 9750 €, soit à 0%. Conclusion : Arthur ne paiera pas d’impôts sur le revenu. 
  2. Emilie est coiffeuse à domicile. Elle a fait un CA de 33 000 €. Elle sera donc imposée sur le base de 16 500 €. En dessous de 10 084 €, elle ne paie pas d’impôts. Sur la tranche 10 085 € à  25 710 €, il lui reste 6 415 € soumis à imposition (16 500 – 10 085). Elle aura alors 705,65 € d’impôts annuels (6 415 x 11% = 705, 65 €). 
  3. Sonia est graphiste. Elle relève des activités BNC. Si elle réalise un CA de 33 000 €, elle bénéficie d’un abattement de 11 220 €. Elle est donc imposée sur 21 780 €. Sur le CA compté dans la tranche inférieure à 10 084 €, elle ne paie rien. Sur la tranche, 10 085 € à  25 710 €, il lui reste 10 560 € soumis à imposition, soit 1161,6 € d’IR (10 560 x 11% = 1161,6).

Pour un même chiffre d’affaires, l’imposition recouvre donc des réalités très différentes !

Le versement libératoire de l’impôt sur le revenu

Le versement libératoire de l’impôt sur le revenu (IR) est un autre mode d’imposition. 

Comme le rappelle le site des impôts « Vous pouvez opter pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu au titre de l’année 2021 si le revenu fiscal de référence (RFR) du foyer fiscal pour l’année N-2, soit 2019, n’excède pas 27 794 € pour une part de quotient familial ».

En quoi ça consiste exactement ? Il s’agit de payer votre impôt tout au long de l’année au moment de faire vos déclarations URSSAF. Ce prélèvement correspond à un petit pourcentage supplémentaire sur chaque déclaration : 

  • 1 % pour les activités d’achat-vente ou de location de logement ;
  • 1,7 % pour les prestations de services BIC ;
  •  2,2 % pour les activités BNC.

À ce moment, l’abattement n’est pas pris en compte. Si l’on reprend nos exemples précédents, avec le versement libératoire :

  1.   Arthur, dont le site e-commerce a fait un chiffre d’affaires de 33 000 € sera soumis à un impôt annuel de 330 € (33 000 x 1% = 330) ; 
  2.   Emilie, coiffeuse à domicile, aura un impôt annuel de 561 € (33 000 x 1,7% = 561) ; 
  3.     Sonia, graphiste, à 726 € d’impôts sur l’année (33 000 x 2,2% = 726). 

Afin d’opter pour le prélèvement libératoire, il faut en faire la demande à l’URSSAF avant le 30 septembre précédant l’année de déclaration. Ainsi, pour la déclaration 2022, il fallait le demander avant le 30 septembre 2021. Vous avez loupé le coche ? Rendez-vous l’année prochaine.

Attention ! Il est obligatoire de payer ses charges d’auto-entreprise. Le fisc est très regardant en la matière. Si vous oubliez de payer, vous serez automatiquement relancé. Celui-ci peut même décider de majorer la taxe si le retard se fait trop sentir !

Pour éviter le drame, on vous explique ci-dessous payer vos charges.

2) Où payer ces charges ?

payer ses charges en tant que auto entrepreneur

Il existe plusieurs guichets ou plateformes pour payer vos charges d’auto-entrepreneurs. En fonction de la catégorie de charge, l’interlocuteur vers qui vous tourner sera différent.

Les cotisations sociales URSSAF

Les cotisations sociales URSSAF se règlent sur le site : autoentrepreneur.urssaf.fr. Vous devrez d’abord vous créer un compte en vous munissant de votre numéro Siret et en entrant vos noms et prénoms.

Une fois votre compte créé, il suffit de vous connecter à votre espace et de cliquer sur « mes échéances en cours ». Entrez le montant de votre chiffre d’affaires des trois derniers mois ainsi que votre RIB et cliquez sur « payer ». Vous serez automatiquement prélevé le 1er jour ouvré du mois suivant la déclaration. Par exemple, si vous effectuez une déclaration le 3 juillet, vous serez prélevé le 1er août. 

CFE

La CFE se paie sur le site impots.gouv.fr. Chaque année, vous recevrez par mail un avis de CFE. Il vous suffit ensuite de vous rendre sur votre espace d’entreprise, de cliquer sur « consulter mon avis de CFE » puis de cliquer sur « payer la CFE ». Vous n’aurez plus qu’à remplir votre RIB pro et faire parvenir le mandat de prélèvement à votre banque.  

La TVA

La TVA se paie aussi sur le site impots.gouv.fr. Vous pouvez la déclarer mensuellement ou annuellement. Pour la payer, il faudra reporter le montant de la TVA collectée. Vous devrez ensuite soustraire le montant de la TVA liée à vos achats.

Admettons que vous avez collecté 2000 € de TVA. Vous avez acheté des fournitures pour une valeur de 1 000 € TTC, vous pouvez déduire les 20% de TVA associées, à savoir 200 €, de votre déclaration. Vous n’aurez plus que 1 800 € de TVA à régler.

L’impôt sur le revenu

L’impôt sur le revenu peut se payer de deux façons :

  • Sur le site impots.gouv.fr si vous n’avez pas opté pour le versement libératoire ; 
  • Au moment de vos déclarations URSSAF mensuelle ou trimestrielle sur le site autoentrepreneur.urssaf.fr, si vous avez choisi le versement libératoire. 

De la même manière que pour la CFE, il faudra enregistrer votre RIB et transmettre un mandat de prélèvement à votre banque. Vous serez alors prélevé des montants déclarés entre quelques jours et quelques semaines après la déclaration.

Frais professionnels

Les frais professionnels se paient directement auprès de vos fournisseurs selon les conditions de facturation de chacun.

Petite astuce : pensez à conserver les factures pendant 10 ans. Celles-ci sont considérées comme des pièces comptables, qui peuvent vous être exigées durant tout ce temps par l’administration. Ce sont donc des éléments importants à garder qui vous seront très utiles en cas de contrôle fiscal. 

3) Quels outils pour gérer ses charges en auto-entrepreneur sans se prendre la tête ?

Quels outils choisir pour gerer charges auto entrepreneur

Un calendrier

Pour être certain de bien maîtriser vos charges d’auto-entrepreneur, le mieux reste d’avoir un calendrier bien établi. D’un seul coup d’œil, vous pouvez visualiser vos différentes échéances.  

Vous pouvez télécharger un calendrier sur le site des impôts et reporter les entrées qui vous concernent dans un calendrier Google ou Trello. 

Ensuite, ajoutez-y vos échéances (livrables, dates de prélèvement de la complémentaire santé, date de prélèvement de la facture d’électricité, etc.).  

Un outil de suivi de facturation et de comptabilité

Avoir un logiciel de facturation vous permettra de centraliser vos factures ou même créer des devis de facture et de les établir selon un même modèle. En général, ces outils permettent également d’éditer le livre des recettes et de calculer la TVA. Il s’agit en quelque sorte d’un expert-comptable en ligne. Pratique, non ? 

Il en existe plusieurs Koala ME, Henrri, Freebe. En général, ils fonctionnent soit : 

  • sur le modèle du freemium avec un panel de fonctionnalités gratuites et des options payantes ;
  •  de l’abonnement mensuel. 

Petit bonus : la plupart de ces outils vous aident à assurer le suivi commercial de votre activité : relance, enregistrement des paiements, développement de l’activité, croissance du chiffre d’affaires, etc…

Une banque professionnelle

Certaines banques sont dédiées aux auto-entrepreneurs et autres freelances. On peut les paramétrer avec ses charges d’auto-entrepreneur, afin de savoir quel montant on peut se verser et quel montant on doit conserver pour les prélèvements à venir.

En général, la banque envoie des notifications pour vous rappeler les différentes déclarations à venir.

Une entreprise de portage salarial

Pour faciliter la gestion de ces charges en tant qu’auto-entrepreneur, on peut faire appel au portage salarial. Ce dispositif est à mi-chemin entre l’indépendance et le salariat. Il s’agit d’un contrat tripartite entre : 

  • un autoentrepreneur, qui devient un « salarié porté » ; 
  • une entreprise cliente ; 
  • une société de portage salarial, comme Jump.

L’autoentrepreneur signe un contrat de travail avec l’entreprise de portage. Comme un salarié du privé en CDI ou en CDD, il fait face à des cotisations sociales (entre 43% et 55% de sa rémunération). Comme un salarié du privé, il ne s’occupe plus de la gestion comptable et de la déclaration des charges d’auto-entrepreneur (URSSAF, prélèvement à la source, etc). C’est la société de portage qui le fait pour lui. Il peut donc se concentrer sur sa mission, sans avoir à multiplier les déclarations.  

Bon à savoir : Si les cotisations sociales sont un peu plus élevées en portage salarial, c’est parce que la protection sociale est beaucoup plus sécuritaire que celle du micro-entrepreneur. En effet, le salarié porté bénéficie de la même protection sociale qu’un salarié (oui, oui, même le chômage sur les temps off entre deux missions)

4) Indexer son salaire sur la base des charges

Une dernière astuce pour la route : maîtriser ses charges permet de savoir quel revenu on peut se verser et quelle somme on doit garder sur son compte en banque. Cela évite des difficultés de trésorerie, notamment en cas de creux d’activité.  

Il est donc important de se pencher sur sa comptabilité régulièrement afin de pouvoir organiser son budget. Si vous sentez le besoin d’être accompagné, vous pouvez faire appel à un expert-comptable une fois par an pour vous aider dans vos déclarations.

C’est à vous !

C’est l’heure de se quitter ! Nous espérons vous avoir donné un maximum de tips et qui vous permettront de mieux appréhender la réglementation en vigueur et de gagner en autonomie dans la gestion de vos charges.

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