Faut-il beaucoup travailler pour réussir ?

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Ester Ramos

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J’ai grandi à Oyonnax, une ville industrielle nichée au coeur de la Plastic Valley, au milieu des usines de fabrication de pièces en plastique pour l’industrie automobile. Mes parents ont fui leur Espagne natale pour trouver un travail qui à défaut de leur offrir des « lendemains qui chantent » leur permettrait de vivre décemment.

Mes parents, et mon père en particulier n’a eu de cesse de me répéter :

Travaille beaucoup et tu réussiras, ma fille

S’il est une idée bien ancrée dans notre inconscient collectif, c’est l’idée que pour réussir sa vie, il faudrait travailler beaucoup.

Travailler beaucoup pour certains, cela signifie ne pas compter ses heures et consacrer l’essentiel de son temps à son travail.

Le travail est encore perçu comme un mal nécessaire du fait notamment de notre culture catholique. Le travail aliène l’homme sur terre, mais ce dernier sera un jour récompensé et libéré en accédant au paradis.

Malgré la perte d’influence de l’église, cette idée imprègne les esprits et influence les représentations sociales du travail. Le culte de l’entrepreneur qui à force de travail acharné a réussi, remplace aujourd’hui, le culte religieux.

Dans le même temps, les chômeurs sont stigmatisés et perçus comme des fainéants qui ne veulent pas travailler. Dans la même veine, une personne qui demande à réduire son temps de travail est souvent perçue comme “suspecte” dans un grand nombre d’entreprises. Ne serait-ce pas là la preuve d’un désintérêt ? Le signe d’un désengagement revendiqué pour son travail ?

Travaille beaucoup et tu réussiras, peut-être, ma fille.

Le travail est bien sûr une composante importante dans la réussite.

Malcom Gladwell ne vous dira pas le contraire, lui qui, dans son ouvrage Outliers, a démontré qu’il était nécessaire de consacrer 10 000 heures à une activité pour devenir un expert et espérer se hisser au-dessus de la mêlée.

Toutefois, au risque d’en décevoir certain travailler beaucoup n’est pas suffisant.
Oui, je sais, c’est injuste. La vie est injuste, mais c’est la vie. Et je parle en connaissance de cause, car moi-aussi, j’y ai cru. Il est vrai que la société et l’école ne nous préparent pas à pareille déconvenue.

Et pourtant, dans nos sociétés de la connaissance, travailler de manière intelligente compte plus que travailler beaucoup. Ce n’est pas tant la durée de travail qui compte, mais notre capacité à être curieux, créatif et à expérimenter des choses.

Or, à ce niveau, trop de travail peut tuer le travail. Le cerveau est un muscle qui a besoin de repos.

Vous n’imaginez pas courir un semi-marathon dans les heures qui suivent un iron-man ? C’est pourtant ce que vous faites quand vous enchaînez les longues heures de travail sans ménagement.

Les tâches intensives qui requièrent une grande concentration et qui font appel à notre créativité sont épuisantes pour le cerveau.
Il faut donc savoir “switcher” son cerveau en mode OFF parfois.

Attention, ceci n’est pas une incitation à la beuverie, à l’utilisation de drogues ou au binge-watching d’émissions du genre « Touche pas à mon poste ».

Je fais référence ici aux pauses qui s’imposent, mais qui n’indisposent pas.

Aussi, j’ose revendiquer un droit à l’ennui.

Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire qu’il bloquait des plages dans son agenda pour s’ennuyer. J’ai trouvé ça chouette. L’ennui est une formidable source d’inspiration. C’est dans l’ennui que naissent les plus belles idées. L’heure est à l’occupation.

Être occupé est même un signe extérieur de réussite sociale. Être occupé à des tâches sans intérêt, n’a pas d’intérêt et ne contribue pas à la réussite. Alors que s’ennuyer pour prendre du recul sur ses occupations peut être utile, vital même. Se retrouver face à soi-même est un abîme qu’il faut expérimenter pour définir ses priorités.

L’ennui permet aussi de trouver sa muse. Or, le talent compte aussi dans la réussite.

Ceux qui m’ont déjà entendu chanter, sauront que même si je travaille beaucoup et que je prends 10 000 heures de cours de chant, je n’égalerais jamais Queen Beyoncé. Ceux qui n’ont jamais eu la chance de m’écouter chanter comprendrons aisément ce principe en pensant à un proche qui leur a parfois cassé les oreilles.

Dans la même vague, il faudrait réhabiliter la place du hasard dans la réussite.
Kundera disait « Ce qui arrive par nécessité, n’est qu’une chose muette. Seul le hasard est parlant ». Et parfois, le hasard d’une rencontre peut être déterminant pour faire décoller un projet et peut faire éclore de nouvelles idées.

Enfin, l’enthousiasme a aussi un rôle de choix dans la réussite. L’enthousiasme est un formidable moteur qui suscite l’engagement et le désir de se lever tous les matins pour accomplir sa mission. Rien n’est plus puissant pour réaliser des projets que l’on pensait irréalisables et repousser ses limites.

Aime passionnément ce que tu fais, ennuie-toi, vaque au hasard, sois toujours enthousiaste et tu réussiras, ma fille.

Certains ont peut-être vu passer l’info.. 2019, c’est l’année d’une belle collaboration entre Anne Humbert et LiveMentor ! Nous allons sortir ensemble un carnet secret, intitulé le Carnet du TEMPS !

Nous lançons la production de ce carnet, co-édité par 23heures59 editions et LiveMentor pour mi-mars. Il ne s’agit d’un simple carnet. C’est un carnet particulier, un carnet pour amadouer un être capricieux : le TEMPS.

Lors de notre dernière réunion, nous avons listé les réflexions suivantes. Je vous les partage en ayant hâte de lire vos avis sur le sujet !

– L’argent se perd, mais se regagne. Le temps se perd toujours !

– Il faudrait toujours commencer par prendre LE TEMPS DE FAIRE DES CHOIX….

– Mais on est tellement préoccupés par LE TEMPS DU JOUR (« est-ce que je vais réussir à faire tout ce qui est prévu aujourd’hui ?! »)…

– Que l’on réduit fatalement LE TEMPS DES PROCHES…

– Pour encore et toujours oublier LE TEMPS POUR SOI !

Est-ce que cela vous parle ? ?

Pour recevoir toutes les informations concernant le lancement de ce carnet, c’est ici : Le carnet du temps.

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