Comment j’ai fait de mon année de chômage la plus productive de ma vie ?

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Sonia Valente

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Cela fait maintenant un an que je suis au chômage. Il y a un peu plus d’un an, je vivais mes derniers jours en tant que salariée. À cette heure-ci, je devais probablement être assise sur ma chaise de bureau en train de rédiger un énième courrier disciplinaire.

Je regardais l’heure passer en attendant impatiemment le moment où je pourrais enfin quitter le bureau. Ce que j’allais faire chez moi n’était pas plus intéressant.

J’allais m’affaler sur mon canapé, allumer la télévision et regarder pour la vingtième fois une rediffusion de Grey’s Anatomy. Puis, j’allais surfer sur les réseaux sociaux. En bref, je procrastinais et je me sentais vraiment très fatiguée (vraiment !).

De juriste à chômeuse

Très rapidement, j’ai su que le métier de juriste n’était pas fait pour moi. En bonne élève et ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre, j’ai décroché ma licence, mon Master en droit du travail et puis mon premier job. En CDI. J’atterrissais dans une entreprise libérée et en plus je restais sur Bordeaux.

Pas malheureuse, mais pas non plus heureuse

Les conditions de travail étaient idéales, mais rien à faire je ne me sentais pas à ma place.

J’ai beaucoup culpabilisé et refoulé mes émotions. Je me disais qu’il y en avait plus d’un qui aimerait être à ma place. Je n’avais pas le droit de me plaindre.

Mais si j’ai bien appris une chose à travers cette expérience, c’est qu’il ne sert à rien de lutter contre ce que l’on ressent. Notre corps et notre esprit finissent toujours pas nous amener à affronter la réalité et à prendre une décision.

La vie ou le destin, appelez ça comme vous voudrez, s’en mêle aussi. Étrangement, c’est dans cette période d’interrogation que j’ai fait la rencontre de personnes qui avaient osé prendre leurs vies en mains en décidant de quitter leur job pour de nouvelles aventures.

Le genre d’aventure qui vous donne des papillons dans le ventre.

Le genre d’aventure qui vous fait dire « ce que je fais a du sens et je kiffe ça ! ».

Moi aussi, je voulais vivre cette aventure !

Ras le bol d’être une limace !

Un départ sans projet de reconversion

Une rupture conventionnelle négociée, me voilà officiellement chômeuse. Je quittais mon emploi sans avoir la moindre idée de ce que j’allais bien pouvoir faire et devenir.

C’était au mois de décembre 2017. Je pensais que j’allais prendre le temps de profiter des fêtes de fin d’année sans me soucier de mon avenir. Mais non. Le mental reprend vite ses habitudes.

À peine au chômage, que j’avais déjà pour mot d’ordre : la productivité. La première chose que j’ai faite a été de passer un bilan de compétences. Et j’étais pressée de le démarrer. Je pensais qu’il allait me donner la réponse à la fameuse question :

Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ?

Comment j’ai failli foirer ma reconversion

J’ai démarré mon bilan de compétences au début du mois de janvier 2018 et il m’a amenée à me reconvertir… dans les RH… Pas très loin de mon métier de juriste en droit du travail. Tout au long de ce bilan, je me sentais freinée par ma conseillère.

J’avais envie de rêver, d’ouvrir le champ des possibles.

Dis-moi ce que tu fais et je te dirai… de faire la même chose…

J’adore écrire, mais elle me disait que les métiers du journalisme et de l’édition n’étaient pas une option envisageable car il n’y a pas de débouchés. Et voilà comment elle me ramenait les pieds sur terre.

Sur terre ou sur SA terre ?

Bien sûr, sur SA terre.

Petit à petit, j’avais la sensation que je n’étais plus véritablement maître de ce bilan. Ce n’était pas la faute de ma conseillère puisque le but du bilan de compétences est de construire un projet qui a le maximum de chance d’aboutir. J’étais simplement influencée par un cadre trop réducteur.

Sans surprise, ce projet de reconversion m’a menée à suivre et à me planter de direction. Aucune productivité.

Mon plan d’action était clair : reprendre un master en RH. Le coût de la formation était élevé. Etant au chômage, j’espérais pouvoir bénéficier d’une aide financière de pôle emploi et j’avais tout fait pour que ma conseillère note  la solidité de mon projet.

Mais voilà que j’étais « trop diplômée » pour bénéficier d’un coup de pouce financier. Les budgets sont d’abord alloués aux demandeurs d’emploi sans diplôme.

Bim.

« Ce n’est pas grave, je continue », me disais-je. J’ai décidé alors de postuler à un poste dans le recrutement.

Le pire entretien d’embauche de ma vie

Ce fut le pire et en même temps le meilleur entretien de ma vie.

Le pire, parce que je l’ai totalement échoué et le meilleur, parce que c’est précisément à cet instant-là que j’ai réalisé que j’étais en train de me planter de voie.

Vous voyez la scène dans les films où le mec est assis sur sa chaise défraîchie et qu’il écoute parler son boss en ayant le regard vide ?

Et bien, c’était moi.

Je me disais «  Mais qu’est-ce que je fous là ? J’en ai rien à foutre des RH et du recrutement. Je n’ai aucune envie de bosser là-dedans. Réveille-toi ma petite, il est temps que tu prennes ton avenir en main ». Et toi seule doit le faire.

Pas besoin de vous dire que de toute façon ma candidature n’a pas été retenue.

Le ticket pour un voyage à travers moi : apprendre à me connaitre calmement et patiemment

L’écriture

Au début du mois de mars 2018, j’ai décidé de tout reprendre à zéro. Depuis le début et sans être pressée. J’ai droit à deux ans de chômage alors autant en profiter. J’ai adopté une autre manière de penser et de faire.

Ça a commencé par l’écriture que j’avais débutée en décembre dernier. Quand j’étais enfant, j’aimais écrire des histoires. En grandissant, j’ai oublié que j’aimais ça jusqu’à même croire que je n’avais aucune imagination et créativité.

Au départ, j’écrivais une heure, puis deux, puis trois, puis quatre.

J’ai écrit un roman que je n’aurais jamais cru terminer un jour. Surtout que je suis du genre à commencer un truc et à ne jamais le finir. Mais cette fois, j’ai tenu bon.

L’expérience n’a pas été facile.

Par moments je souffrais du syndrome de la page blanche.

Dans d’autres j’avais l’impression que ce que j’écrivais était vraiment merdique.

J’ai arrêté puis repris et j’y suis arrivée.

J’ai écrit mon premier roman en 4 mois. Écrire un roman en 4 mois ne relève pas du don. J’ai été productive uniquement parce que j’avais du temps en étant au chômage !

Aujourd’hui, il vient d’être accepté par une petite maison d’édition parisienne. C’est donc avec cette expérience que j’ai redécouvert mon amour pour l’écriture. Et j’ai continué d’écrire.

Le développement personnel et l’introspection

En parallèle, je me suis intéressée davantage au développement personnel. J’ai dévoré des tas de bouquins et j’ai adoré ça. À force de lectures, j’ai commencé à comprendre pourquoi ce bilan de compétences et cette reconversion en RH ont été un échec. Je n’ai tout bonnement pas pris le temps de me connaitre.

Or, comment savoir ce que je veux faire, ce qui me plaira et ce qui fera sens pour moi si je n’ai qu’une vague idée de qui je suis ?

M’informer, suivre des moocs en tout genre n’avait aucun sens tant que je ne m’étais pas recentrée sur moi-même et que je n’avais pas répondu à ces deux questions primordiales à tout projet de reconversion :

Qui je suis ? Et qui ai-je envie d’être ?

J’ai alors effectué un véritable travail d’introspection. Pour être honnête, il a duré six mois et il continue encore. Je pense qu’il continue toute notre vie. J’ai pris le temps de découvrir quels étaient mes valeurs, mes besoins, mes intérêts.

Puis, j’ai interrogé mon entourage sur mes qualités, mes talents, mes faiblesses. J’ai fait le bilan de mes choix passés, de mon parcours. Durant cette période, j’ai lu énormément. Et c’est grâce à ce travail que j’ai compris deux choses importantes : d’une part que j’étais introvertie et d’autre part que je ne voulais plus être salariée.

J’ai approfondi mes connaissances en personnalité introvertie et en psychologie de l’introversion. Ce qui m’a permis de réaliser enfin qu’il n’y avait rien d’anormal chez moi. J’ai découvert ce que voulait vraiment dire être introverti et ça m’a vraiment aidé à m’accepter telle que je suis sans avoir besoin de me faire passer pour quelqu’un d’autre.

La révélation : le coaching et l’entrepreneuriat

Peu à peu, comme des pièces que j’assemblais au fil des mois, j’ai terminé mon puzzle.

Le puzzle qui me représente, moi.

C’est là que tout naturellement, mon projet de reconversion s’est dessiné au bout de 6 mois de chômage.

L’exploration

Même si j’étais au chômage, je continuais à me lever chaque matin à 8h pour maintenir ma productivité. Le résultat de ces 6 mois d’introspection a été le suivant : j’ai envie d’inspirer, de transmettre, d’aider, de partager, d’accompagner. Ça correspond à qui je suis et à ce que j’aime.

Je me suis donc mise à l’attaque. J’ai exploré les différents métiers qui se rapprochaient de moi et c’est là que j’ai trouvé le coaching.

J’ai contacté des coachs de tout horizon pour échanger sur leur métier. Je ne me suis pas arrêtée là et j’ai assisté à des ateliers de PNL, j’ai lu des bouquins sur le coaching. Plus j’avais de renseignements, plus je réalisais que c’était ce que je voulais faire.

Et je voulais le faire en tant qu’entrepreneur.

À fin août, j’ai cherché intensément des organismes qui proposaient une formation de coach certifié et j’ai démarré la formation en octobre dernier.

Dans le même temps, il fallait que je me rende à l’évidence : le marché du coaching est très difficile. Le métier de coach est encore associé à un charlatan ou à un effet de mode et en vivre n’est pas évident.

J’avais conscience que pour mettre toutes mes chances de mon côté, je devais être présente sur internet.

Or, je n’avais aucune idée de comment créer un site web, de comment monter sa boite, de comment définir et mettre en place une bonne stratégie de marketing et de communication. Bref, j’avais tout à apprendre et ce n’était pas mes 5 ans de droit qui allait m’aider !

Les projets : Accompagner les femmes qui veulent se reconvertir et être copywriter

Je me suis inscrite en formation chez LiveMentor. Grâce aux formations wordpress, marketing digital et freelance, j’ai découvert le monde de l’entrepreneuriat et j’adore ça !

Quand j’ai démarré les formations, je me sentais comme dans Peter Pan.

J’étais un enfant perdu parmi tous les autres dans le pays imaginaire de l’entrepreneuriat et du digital. J’ai découvert un monde des possibles que je ne soupçonnais pas.

Rapidement, j’ai pris conscience qu’il fallait que j’affine mon projet. J’ai mis environ trois mois à le définir. Pour identifier la cible à qui je veux parler et aider, je suis partie de mon propre vécu.

Quel public ai-je envie d’aider ?

Des femmes qui, comme ce fut mon cas, en ont marre de leur job et aspirent à changer de métier et à vivre une nouvelle vie professionnelle qui leur correspond. Des femmes qui sont prêtes à se donner les moyens pour se reconvertir. C’est comme ça qu’est né Wit Potentielles.

Mais ce n’est pas tout.

Grâce à ces formations j’ai découvert le métier de copywriter. Sans surprise, j’ai adoré. Je ne pouvais pas me résigner à faire un choix entre l’accompagnement à la reconversion et le copywriting. J’avais envie d’écrire pour les autres aussi !

J’ai donc décidé de voir grand et de me lancer en copywriter freelance en parallèle de l’accompagnement à la reconversion.

Mon quotidien émotionnellement vertigineux et épanouissant

Bien évidemment, il faut être solide mentalement et ne pas lâcher. Je passe par des montagnes russes d’émotions. Un coup je me dis que je suis nulle et que je ne vais pas y arriver et l’autre jour je suis surmotivée et confiante.

L’investissement émotionnel et en temps est important. J’en ai d’ailleurs subi les frais au mois de novembre.

Je suis tombée dans une sorte de burn-out de l’entrepreneur.

Aussi, il faut savoir faire quelques sacrifices financiers. J’ai drastiquement réduit mes sorties et mes dépenses, mais quel bonheur de pouvoir me donner corps et âme dans quelque chose qui a du sens et qui me stimule !

Est-ce que je vais réussir à vivre de mes deux activités ?

Aucune idée.

Mais ce qui est certain c’est que mon année de chômage m’aura permis de découvrir qui je suis. J’aurais appris à accepter l’échec, les doutes et j’aurais appris à avancer. J’aurais aussi développé des compétences que je ne pensais jamais avoir un jour.

Tout ce travail a contribué à développer ma confiance en moi et pourtant je partais de loin ! J’en ai d’ailleurs fait un guide pratique « Les 3 étapes essentielles pour réussir sa reconversion quand on n’a pas confiance en soi ».

Mon bilan d’un an de chômage en quelques mots : la plus productive et la plus riche de ma vie.

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Sonia Valente

Je suis Sonia et j'ai créé Wit Potentielles, un site web dédié aux femmes qui veulent se reconvertir. J'accompagne celles qui aspirent à vivre une vie professionnelle épanouissante en les aidant à définir et à construire un projet de reconversion. En parallèle, je suis copywriter en freelance et auteure de romans.