#10 Amandine Péchiodat : La communauté – Podcast La Méthode LiveMentor

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Josiane

Illustration de #10 Amandine Péchiodat : La communauté – Podcast La Méthode LiveMentor

Pour le dixième épisode du podcast La Méthode LiveMentor, je reçois Amandine Péchiodat, la cofondatrice et rédactrice en chef de My Little Paris, la célèbre newsletter qui compte désormais 4 millions d’abonnés tous médias confondus. 


Transcription de l’épisode en fin d’article

Ensemble, nous avons parlé de la communauté (chapitre 10 du livre La Méthode LiveMentor). Vous savez, ce sésame qui permet aux entrepreneurs de réussir leur projet grâce aux liens de confiance qu’ils ont construits avec d’autres passionnés aux valeurs communes. La grande question, c’est de savoir comment créer une communauté engagée et durable, et qui, bien sûr, grandit au fil du temps. Amandine est revenue sur les débuts de My Little Paris en 2008 et sur sa communauté de lecteurs fidèles. 

Dans cet épisode, vous allez voir concrètement :  

  • comment créer une newsletter à contre-courant qui trouve son public 
  • en quoi la communauté peut tout changer dans votre parcours d’entrepreneur
  • les best practices à connaître pour créer une communauté et rester proche d’elle même quand elle grandit
  • comment le « just in time » permet d’anticiper les temps forts qui vont parler à la communauté 

Vous allez découvrir plein de concepts pour bien cibler et communiquer à votre communauté : le persona, les insights, les marronniers des évènements et des ressentis, le « shitty prototype » pour tester son projet avant de le lancer etc… Des outils qui ont fait leur preuve puisque le succès de My Little Paris est dû à l’origine au simple bouche-à-oreille ! 

J’ai adoré discuter avec Amandine Péchiodat et connaître les secrets de sa stratégie éditoriale. On voit souvent la newsletter comme un outil de mailings promotionnels et un peu barbants. Or, là c’est tout l’inverse ! My Little Paris montre que la sincérité paye et que l’on peut partager du contenu de qualité en se faisant plaisir et en rencontrant une audience importante. 

Leur newsletter est toujours portée sur l’action, elle doit donner envie aux lecteurs d’agir, et elle raconte invariablement une histoire. My Little Paris est également dans la curation : ils proposent la meilleure chose à faire à un moment donné, c’est la rareté de ce « bon plan » et la poésie du message qui en ont fait, entre autre, son succès. 

Peu importe le domaine, la newsletter est un endroit de rendez-vous privilégié avec votre communauté. Et ça, personne ne pourra vous l’enlever, même pas les algorithmes de Google et des différents réseaux sociaux. Ce lien créé avec des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt que vous est inestimable. La communauté va beaucoup plus loin qu’une simple audience ou de potentiels clients. Elle vous donne plus en retour que ce que vous lui partagez. 

Et vous, avez-vous envie de lancer une communauté ? Est-ce déjà le cas ? Comment interagissez-vous avec elle ? N’hésitez pas à nous écrire pour partager vos astuces en commentaires, ça peut aider et inspirer d’autres porteurs de projet !   

Si l’épisode vous a plu, n’oubliez pas de le partager sur les réseaux sociaux pour en faire profiter votre entourage !

Les entrepreneurs qu’elle admire : sa sœur Fanny Péchiodat, co-fondatrice de My Little Paris, ainsi que ses associées Anne-Flore Chapellier et Céline Orjubin. 

Amandine a également cité Kevin Kelly, le fondateur du magazine Wired et ses 68 conseils à recevoir dans une vie : https://kk.org/thetechnium/68-bits-of-unsolicited-advice/

La version française et condensée de tous ses conseils dans la newsletter de Merci Alfred : https://www.mercialfred.com/infographie/conseils-enfant-68-ans-kevin-kelly

Pendant l’épisode, Amandine a parlé du poète Christian Bobin dont elle admire les écrits et de l’enthousiasme du journaliste Augustin Trapenard dans son émission Boomerang. 

Episode suivant :

Dans l’épisode 11, on parle des systèmes : comment mettre en place des systèmes pour ne pas devenir fou. Une super conversation avec Matthieu Stefani, entrepreneur, créateur du podcast Génération Do It Yourself et CEO de l’agence Cosa Vostra ! 

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Transcription de l’épisode :

Josiane – Bonjour à tous et bienvenus sur La Méthode LiveMentor, le podcast qui donne des conseils concrets d’entrepreneurs ! Aujourd’hui, on va parler de la communauté. C’est un mot qu’on entend partout. On ne sait pas tellement comment la définir, mais on a tous compris que c’était très important d’en avoir une quand on entreprend. Et pour parler de communauté, je suis ravie d’accueillir Amandine Péchiodat. Bonjour, Amandine !  
Amandine Péchiodat – Bonjour, Josiane ! 
Josiane – Tu es la cofondatrice de My Little à Paris, la célèbre newsletter qui compte désormais 4 millions d’abonnés, tous médias confondus. Donc, on n’est pas dans de la petite communauté, vous jouez vraiment dans la cour des grands ! Avant, quand on disait newsletter, on pensait à des mails promotionnels et professionnels, un peu barbants. Et avec My Little Paris, c’est tout l’inverse : en quelques phrases, il y a un ton, il y a un contenu unique et surtout, il n’y a pas de publicité. Amandine, est-ce que tu peux nous raconter les débuts de My Little Paris en 2008 ? Comment ça s’est créé ? 
Amandine Péchiodat – Oui, en 2008. Ça date, aha ! Alors, comment ça s’est créé ? Moi, à l’époque, j’avais vingt sept ans et ma sœur, avait cette idée de créer une newsletter qui ne ressemblerait pas aux autres newsletters de l’époque, qui étaient vraiment, effectivement, comme tu le dis, un peu des spams. On avait l’impression que c’était fait par des robots. C’était un peu des nids à clics et il y avait un ton qui était froid. Surtout, aussi, parce que les médias étaient encore très friands de faire du print et qu’on avait du mal à passer le cap. Ce qui fait que les seules newsletter qu’on recevait étaient des newsletters qu’on ne souhaitait pas recevoir. En fait, il y a eu cette envie de prendre à contre courant tout ça et de créer une newsletter chaude, fraîche, dont on ressentirait un peu le souffle et qui partagerait des idées de choses à faire à Paris, tout simplement, mais sur le ton de la confidence. Cela étant dit, on s’est attelé à créer notre petite équipe, qui était constituée de trois personnes à l’origine, qui était très simple. C’était Fanny, qui dénichait les idées dans Paris. 
Josiane – Donc ta soeur. 
Amandine Péchiodat – Voilà, ma soeur. Moi, qui qui écrivais. J’improvisais l’écriture – on pourra peut-être en parler après – je n’ai pas fait d’études d’écriture ou autre. Et on a rencontré Kanano Kuno, l’illustratrice japonaise qui est devenue l’illustratrice de My Little Paris. Et à trois, avec un ami tech, on a commencé à développer une petite newsletter, mais c’était vraiment le travail « chacun dans notre salon », les envois à minuit, avec le tech Jean-Yves, qui nous disait : Est-ce que c’est bon ? Ça y est, la newsletter est prête ! Et lui qui envoyait et qui programmait la newsletter en pyjama. C’était totalement une petite asso. D’ailleurs, au début, on était une association et on travaillait tous en parallèle. 
Et ça a pris ! C’est-à-dire qu’on a travaillé, on a cherché des idées, on a retravaillé le style de dessin de Kanako et mon style d’écriture pendant quelques semaines. Et puis, avec une équipe un peu plus grande, à laquelle s’est ajoutée très vite Anne-Flore, on a envoyé la première newsletter à nos 50 amis en disant : « Voilà, on vient de lancer ça ». En plus, c’est vrai qu’à l’époque, Instagram n’existait pas, il me semble. Facebook, oui, mais on ne l’a même pas partagé sur Facebook. On a utilisé nos adresses mail pour partager. 
Notre première communauté, c’était la communauté de nos amis.En fait, c’est les meilleures communautés au monde puisque nos amis ont vraiment aimé et l’ont relayé. Et c’est vrai que même aujourd’hui, quand je t’en parle, j’en reviens toujours pas. On oublie souvent de se souvenir. C’est difficile de se remettre dans l’état de l’époque, mais c’est vrai qu’il s’est passé quelque chose de phénoménal. C’est que vraiment la newsletter a pris ! Nos amis en ont parlé à d’autres amis, etc. Il y a eu une croissance organique qui a fait que très vite, on s’est retrouvé avec 10.000 abonnés, ce qui était un nombre très important en si peu de temps et sans aucun moyen de communication. Et c’est comme ça que la newsletter My Little Paris est née. 
Josiane – C’est-à-dire que ça n’a été que du bouche à oreille au début ?
Amandine Péchiodat – Complètement, que du bouche à oreille au début.
Josiane – C’est fou ! Tu ne t’attendais pas du tout à un tel succès ? 
Amandine Péchiodat – Non, pas du tout. Je pense que quand on parle des 15 minutes de gloire, la première fois où j’ai vraiment ressenti ça, c’était à ce moment-là parce que c’était incroyable de constater que quelque chose qui était une simple newsletter répondait vraiment à une attente que l’on avait bien su sentir, en fait.
Josiane – Ce qui est surprenant aussi je pense, c’est le fait de voir que la sincérité paye, que c’est justement l’authenticité de votre discours, c’est-à-dire de partager une humeur, un feeling, quelque chose de différenciant, qui a fait écho, en fait, avec des lecteurs qui ne trouvaient ça nulle part. 
Amandine Péchiodat – Tout à fait, tout à fait. Alors déjà, il me semble vraiment qu’il y a dix ans, voire maintenant un peu plus, je me souviens, on avait beaucoup ces échanges avec Fanny sur « comment on veut parler de My Little Paris ? » Pour nous, en fait, la capitale avait un peu cette image de grand musée froid et impénétrable. Et les Parisiens, je pense, n’arrivaient pas à s’emparer de leur ville et à découvrir les lieux cachés, l’esprit village, et la beauté singulière de chaque commerçant ou habitant. Nous, c’est vraiment ce qu’on voulait montrer, c’était : « Poussez les portes, soyez curieux et découvrez un Paris qui est différent, soit du Paris très touristique, image d’Épinal, soit du Paris un peu parisien-tête-de-chien ». Entre les deux, il y avait une troisième voie qui était plutôt une voie de fierté et de réjouissance d’être à Paris. Attends, je ne me souviens plus de ta question, aha !
Josiane – Aha, mais tu y as répondu ! 
Amandine Péchiodat – Oui, c’était la sincérité, voilà ! Moi, c’est vrai que je suis quelqu’un de naïf et j’en suis contente. Bon, de toute façon, je pense qu’on peut dire tout et son contraire de n’importe quelle caractéristique de quelqu’un, mais en tout cas moi, cet esprit naïf dont on s’est souvent amusé, j’en tire de plus en plus de force. Parce que la naïveté, justement, donne cette capacité d’émerveillement. Et du coup, cette sincérité. J’avais rencontré une écrivaine qui disait qu’elle ne savait pas du tout si ses livres étaient bien écrits, mais en fait, elle mettait tellement d’énergie à l’écrire, un peu comme si elle transmettait des ondes invisibles, que du coup, pour elle, vraiment, elle avait l’impression que les lecteurs, c’est ça qu’ils aimaient. Ils sentaient que le livre, il était habité. Et c’est vrai que je n’écris jamais – ça m’est peut-être arrivé une fois, mais à raison de deux newsletters par semaine depuis 10 ans, tu te doutes que ça fait beaucoup de newsletters – je n’écris jamais quelque chose à contrecœur. Ou que je ne ressens pas,  mais je me dis que c’est ça qui plaît. Et ça, c’est très important pour moi, pour mon mental, de continuer à avoir la flamme. C’est ce qu’on cherche tous dans la vie. 
Donc cette sincérité, je pense qu’elle a beaucoup plu et elle permettait aussi de réenchanter Paris et de porter un regard différent sur des jolies choses plutôt que sur des choses qui sont plus tristes ou plus cyniques. 
Josiane – Alors, justement, au fur et à mesure que le nombre d’abonnés augmente,  ensuite, vous avez lancé des abonnements mensuels sous forme de box, comment tu structures la ligne éditoriale, à ce moment là ?
Amandine Péchiodat – Oui, effectivement, on a lancé – je le dis pour ceux qui connaissent pas forcément My Little Paris – après My Little Paris, on a lancé plein d’autres communautés puisqu’il y avait la communauté des Parisiennes / Parisiens, mais quand même plutôt Parisiennes, puisque les illustrations représentaient souvent des femmes et que, dans la manière dont on écrivait, peut-être que ça se ressentait aussi. Mais en tout cas … Mince, ça y est, j’ai oublié ta question, désolée ! 
Josiane – Aha ! Comment tu structures la ligne éditoriale ?
Amandine Péchiodat – Oui, voilà ! Après, donc, on a créé d’autres communautés. Il y avait la communauté des futurs mariés, des parents. Qu’est-ce qu’il y a eu d’autres ? Après, il y a eu une communauté plus jeune aussi, qui, aujourd’hui, est devenue Tapage, avec un autre ton. Et après, effectivement, il y a eu la box qui, elle, était, on va dire, une sorte de newsletter en boîte. Pourquoi ? Parce que nos newsletter, c’est des histoires qu’on raconte. C’est une découverte. Il y a toujours une accroche, qui tire un peu le lecteur par la manche. Ensuite, il y a une sorte d’énigme, qui dit de quel lieu on parle. Et puis ensuite, une chute.
Et en fait, la box, c’est un peu dans la continuité de ça. Les box sont des boîtes dans lesquelles on met à la fois des produits de beauté, des accessoires de mode… En fait, tout ça, c’est comme un petit théâtre, c’est-à-dire que vraiment, on ouvre la boîte, et là, c’est une histoire qui se déroule, qui commence avec le titre de la box, qui a chaque fois, va donner … Voilà, ça va être « un air de vacances » ou « splash ». Et tout de suite, ça va donner un petit peu la tonalité. C’est comme un titre de pièce de théâtre. Et ensuite, quand on l’ouvre, on rentre peu à peu dans une histoire qui, par magie, colle complètement au mood du moment. Et c’est ça qui plaît énormément à nos abonnés. Comment on structure notre ligne éditoriale ? C’est toujours sur l’histoire, sur la poésie et sur le juste à temps.
Josiane – Alors, qu’est-ce que c’est le juste à temps ? Le just in time ? Est-ce que tu peux nous expliquer, s’il te plaît ?
Amandine Péchiodat – Le just in time, c’est envoyer aux bonnes personnes la bonne idée au bon moment. Et c’est vrai que la newsletter permet ceci. Aujourd’hui, Instagram encore plus, Twitter n’en parlons pas (c’est à la seconde près). La newsletter, ça prend un petit peu plus de temps parce qu’il y aura un dessin qui aura été réalisé à la main. Donc voilà, il faut quand même prendre un petit peu plus de temps et tant mieux. Mais le just in time, c’est vraiment sentir l’état d’esprit (tenter de sentir parce qu’encore une fois, on ne peut pas généraliser), de notre communauté qui, du coup, a priori, est parisienne, donc va subir la même météo que nous ou les mêmes évènements que nous. Se mettre à sa place et envoyer quelque chose qui lit un petit peu dans ses pensées. Ce qu’on appelle, dans le jargon du marketing, l’insight, mais moi, je dirais plutôt, pour les gens qui ne connaissent pas, que c’est une sorte de pensée secrète qu’on n’a pas formulée jusqu’au jour où quelqu’un le fait à notre place. Et on se dit : C’est incroyable, c’est exactement ce que je ressens ! 
D’ailleurs, souvent, l’insight provoque le rire puisque une bonne partie des sketchs humoristiques repose sur l’insight. C’est-à-dire que c’est un humoriste qui va dire tout haut ce qu’on pense tout bas. Et on va avoir un grand plaisir à ce qu’il ose le dire et à partager de manière universelle quelque chose qui nous fait parfois nous sentir seul ou différents. 
Donc l’insight, ça va être, pour nous, envoyer, le premier jour où il neige à Paris, la liste de tout ce qu’on peut faire sous la neige. Ou envoyer, au bout de 34 jours de pluie, une newsletter dont le titre est « 34e jour de pluie », tout simplement. Ou envoyer des idées pour essayer de trouver une terrasse au frais un jour de canicule. Mais ça va être aussi aborder des sujets qui sont plus tristes, comme les attentats, notamment du Bataclan ou l’incendie de Notre-Dame, et trouver une idée, un sujet, qui apaise le lecteur, qui lui permet de réfléchir ou qui lui permet d’agir. Parce que souvent, on est désemparés quand on est face à ce genre d’événement. Donc, ça permet aussi d’essayer de faire revenir un petit peu le beau temps tout en agissant. Nos newsletter sont toujours sur l’activation. Sur le fait de sortir de chez soi, de faire quelque chose. L’idée, pour nous, c’est qu’une fois qu’on a lu la newsletter, on ouvre la porte et on sort de chez soi. 
Josiane – Ah oui, on ne reste pas passif, en fait, ça donne envie d’agir, de se mettre dans l’action. 
Amandine Péchiodat – C’est exactement ça, oui. 
Josiane – D’accord. Ce qui est intéressant avec le just in time, donc dans le fait de communiquer pile au bon moment, ça veut dire qu’il y a des choses qu’on peut anticiper. On peut anticiper des temps forts, que ce soit la neige, la pluie, la canicule, mais des choses vont parler à ma communauté. On croit qu’on l’a fait tout de suite, alors qu’en fait, ça fait une semaine que la newsletter est prête et qu’on attend les premiers flocons pour la sortir, c’est ça ?
Amandine Péchiodat – Exactement, exactement ! C’est ce qu’on appelle un marronnier. Il y a les marronniers de la météo. Il y a les marronniers des événements parisiens. Et puis, après, il y a les marronniers des ressentis. Le ressenti de début d’année, ce serait de vouloir prendre des bonnes résolutions, faire table rase du passé. Le ressenti du printemps qui fait qu’on a envie de partir en voyage. Après, là ou il faut toujours être très vigilant, je trouve, c’est de ne pas tomber dans le cliché ou dans la caricature. Et puis aussi d’essayer de contourner un marronnier. Parce que c’est sûr qu’en été, on ne va pas parler de raclette, « où manger des raclette ? » Il y a quand même des marronniers qui vont de toute façon tomber : la Fête du Patrimoine a lieu à la même date, la Fête de la Musique a lieu à la même date… Mais ce qui est intéressant, c’est de contourner le marronnier pour donner un peu une idée nouvelle ou un regard un peu différent. J’ai parlé de la Fête de la Musique : je me souviens que l’année dernière, on n’a pas parlé de la Fête de la musique. On a parlé de l’Anti-Fête de la Musique, qui n’avait pas lieu le 21 juin, mais le 20 juin, et qui est les 24 heures du Festival de l’église Saint-Eustache, du Festival de musique sacrée de l’église Saint-Eustache. Donc, c’était intéressant de se dire : « Ah mais oui, en fait, il y a la Fête de la Musique, mais on peut aussi faire ça la veille, d’une manière un peu différente, avec moins de monde. »
Donc, c’est important. Tu vois, l’insight, c’est effectivement un ressenti qu’on a, et c’est très chouette d’en parler, mais un insight, au bout d’un moment, il peut être éculé. Et je pense que pour justement se dire : « Tiens, je veux parler à ma communauté ». Et là, je ne parle pas de My Little  Paris,  mais c’est toujours important de se dire : « Bon, il faut que je fasse un peu table rase des clichés sur ce sujet et que j’essaie de me dire : ça va être quoi, un sujet vraiment vraiment nouveau ? » Par exemple, une fois, nous, on avait parlé d’un sport qui est moins à la mode maintenant, mais en tout cas, à l’époque, c’était vraiment le sport pionnier, c’était l’aquabiking : le fait de faire du vélo dans l’eau. Et je me souviens que, évidemment, tous les médias qui en parlaient en parlaient en mode « perdre des kilos », « perdre des kilos avant l’été ». Et nous, on s’est toujours efforcé d’essayer d’éviter le diktat. C’est-à-dire ne jamais dire : « le must have », « le truc qu’il faut avoir fait », « le resto à… ». Évidemment, ça peut arriver, mais en tout cas, on n’est pas sur des sortes d’impératifs de vie, en disant « c’est ça la mode ». 
Et … Ah, ça y est, j’ai oublié ! Une de mes particularités, c’est que j’oublie ce que je veux dire. Attends, on parlait de … Ah oui, de l’aquabiking. ! Et en fait, plutôt que de parler de ça, donc du fait de faire du sport pour ne pas avoir de cellulite, etc., tous ces gros clichés, on a parlé de la sensation. Pédaler dans l’eau. Donc on est vraiment partis sur une accroche qui parlait en fait de la surface. Je crois que c’était quelque chose comme « En surface, tout est calme ». On a juste l’impression qu’on est en train de barboter dans un jacuzzi, mais en profondeur, ça turbine, là, en fait, on est en train de pédaler. Et parler de la sensation que peut procurer ce sport plutôt que le résultat de se muscler ou maigrir, ce qui n’était pas du tout quelque chose qui nous intéressait. C’est ça qu’on a fait. C’est une manière de contourner l’insight, pardon, de contourner le cliché et le marronnier.
Josiane – Et aussi de se faire plaisir, c’est-à-dire de pas parler de la même façon que tout le monde, mais d’avoir un point de vue différent, un regard différent. Et c’est en ça qu’on engage les lecteurs et ils deviennent fidèles. C’est vraiment une question de tribu. Il y a un autre concept très important. quand on pense à la communauté, c’est le persona. C’est-à-dire le client type. Moi, je voudrais savoir : À qui tu t’adresses quand tu écris, à qui tu penses ? Est-ce que vous avez plusieurs persona chez My Little Paris ?
Amandine Péchiodat C’est intéressant ce que tu me demande, en fait. Moi, je me suis assez rarement posé la question. En fait, je m’adresse à une seule personne qui serait une amie, quel que soit son âge. On partagerait quelque chose de commun qui serait l’amour de l’émerveillement. Moi, j’adore la capacité d’émerveillement des gens. Ce don de convoquer l’enthousiasme inné de l’enfance. Et je réfléchis toujours à ce qui fait le mécanisme de cette joie pure et qui fait qu’on est dans l’instant présent. J’aime beaucoup lire là dessus. Christian Bobin, par exemple, l’écrivain.
Josiane – Christian Bobin, un poète français. Je vous invite à l’écouter, que ce soit par les mots ou par la voix, parce qu’il a une façon de parler qui est extraordinaire.
Amandine Péchiodat – Exactement ! Par exemple, j’adore l’émerveillement, la capacité d’enthousiasme d’Augustin Trapenard, qui fait les émissions Boomerang. A chaque fois qu’il interview quelqu’un, il est tellement … C’est de cette manière-là que ça se transmet, je trouve, la curiosité pour quelqu’un ou l’intérêt pour un sujet. Voilà. En tout cas, tu me demandes à qui je m’adresse : moi, c’est surtout que je transmets mon enthousiasme à quelqu’un et j’essaie de réveiller chez cette personne, quel que soit son âge, quel que soit son statut ou autre, j’essaie de réveiller ça, de le convoquer. Et c’est vraiment ce qu’on a constaté, parce que quand on fait des petits événements ou quand on reçoit des courriers lecteurs, je vois qu’on a une communauté qui est beaucoup plus diversifiée que ce qu’on pourrait imaginer sur une newsletter qui va parler des bons plans à Paris. 
D’ailleurs, ça s’est beaucoup ressenti puisque si maintenant on parle du sujet de la boxe, on a des mères, ou pas forcément des mères, mais des femmes de 70 ans qui vont être abonnées, tout comme des jeunes filles de 15 ans ! Parce que, c’est pareil, la boxe convoque l’émerveillement de l’enfant qui reçoit sa surprise, tu sais, les pochettes surprises que tu ouvrais quand tu étais petit, dedans, tu avais des gadgets et tout, et tu  étais émerveillé de ce qui pouvait se trouver à l’intérieur. La magie de la surprise ! Et donc, voilà, pour revenir sur la ligne éditoriale, ça me rappelle maintenant ce point que je n’ai pas précisé : c’est la magie de la surprise. C’est-à-dire que la newsletter est une newsletter surprise. Tu ne sais jamais de quoi on va te parler. Et l’idée, c’est qu’on te parle toujours de quelque chose de différent. Parce qu’on n’est jamais dans le même mood. Je n’ai pas envie et puis je n’ai pas les moyens de me faire un resto tous les jours. Par contre, un lundi, je vais avoir envie qu’on me parle d’un livre hyper stimulant. Un mardi, effectivement, d’aller déjeuner. Un mercredi, je vais avoir le blues, donc peut-être que ça va me faire du bien qu’on me parle d’une adresse beauté ou d’un massage, d’un endroit qui est propice à la méditation. C’est très différent. Je m’adresse donc à une copine qui ressentirais un peu le même regard sur la vie, le même regard global. Parce qu’en fait, nos newsletters ont un côté très trivial, parce qu’on parle d’une adresse à Paris, donc, c’est très trivial. Et en même temps, j’essaie toujours de rajouter une petite couche d’intention d’apprendre quelque chose, de comprendre quelque chose, de s’émerveiller devant quelque chose ou devant quelqu’un, tu vois. Je ne sais pas si j’y arrive, mais en tout cas, c’est ce que je m’efforce de faire. Encore une fois, le principal, pour moi en tout cas, c’est d’essayer de faire au mieux sur ce sujet. 
Josiane – Et comment tu a appris à connaître et à appréhender la communauté au fil du temps ? Tu parlais des courriers des lecteurs que vous recevez. Il y a d’autres facteurs ? 
Amandine Péchiodat – Oui, alors, les courriers lecteurs, c’est vrai que ça, c’est vraiment ce qui nous a permis de comprendre… Au début, on comprenait pas vraiment ce qui faisait le succès. Je pense que c’était vraiment une cohésion de plusieurs choses. Il y avait vraiment la poésie de l’illustration, qui était faite main et qui racontait une histoire et qui permettait de convoquer l’imaginaire. Il y avait l’idée vraiment très singulière qui permettait de montrer que Paris était pleine de surprises. Et après, sur le ton, il y avait effectivement une sincérité. Ça, c’est ce qu’on avait, en tout cas c’est ce qu’on essayait de faire.
Et puis on a commencé à recevoir du courrier lecteur. C’est là qu’on s’est vraiment rendu compte de ce qui pouvait caractériser un peu plus nos lectrices. Déjà, il y a le côté où, effectivement, on a vraiment l’impression que c’est des copines. C’est-à-dire que parfois, on organise des évènements où on parle de lieux, d’évènements, de soirées. Et puis, il y en a qui vont nous répondre : « Désolés, je ne peux pas ». Il y en avait une qui avait réponde : « Désolé, je ne peux pas, je suis en Bretagne. » Vraiment, le truc très, très personnel ! Je me souviens aussi d’un courrier qui a donné lieu à une grande histoire d’amitié, qui était une lectrice qui nous envoie un message en disant : « J’adore Paris, j’adore My Little Paris, j’adore la vie. Alors ce samedi, je fête la vie à Paris et je vous invite parce que je vous adore. » Quelque chose comme ça. Et j’ai trouvé ça  très flatteur, intrigant. Et on y est allé. J’y suis allé avec deux personnes. On n’avait pas du tout, à l’époque, l’occasion de « stalker » quelqu’un, etc. On n’avait pas du tout d’informations. Et en fait, on a débarqué à une soirée exceptionnelle durant laquelle on n’a fait que danser, c’est-à-dire qu’on n’a pas communiqué, mais on a communiqué en dansant. Et cette personne est devenue une de mes meilleures amies. Elle nous a rencontrés, elle a rencontré My Little Paris. On lui a fait rencontrer plein de gens. C’est fou cette histoire, parce que ça montre bien que … Et avec cette personne, on a 30 ans d’écart ! 
Josiane – Et cette personne, elle s’appelle Patricia ? 
Amandine Péchiodat – Oui ! 
Josiane – C’est Patricia Louisor-Brosset, que j’ai eu la chance d’interviewer pour l’épisode 1 du podcast sur l’alignement. Je vous invite à l’écouter, elle est exceptionnelle. Et il se trouve qu’elle arrive très bien à faire danser les gens parce qu’elle est DJ. Elle a commencé à être DJ à 40 ans. Elle a plusieurs vies en une vie. 
Amandine Péchiodat – Oui ! Et d’ailleurs, on n’a pas trente ans d’écart, on a dix ans d’écart très important, aha ! 
Josiane – C’est intéressant de voir comment le fait d’avoir une communauté, ça peut tout changer. Ça a complètement changé vos vies. On voit que le succès des entrepreneurs aujourd’hui, ça tient notamment à la communauté qu’ils ont réussi à créer, au lien de confiance qu’ils ont construits avec d’autres passionnés qui partagent les mêmes valeurs. Alors, tu parlais tout à l’heure de rencontres. Vous avez fait une sacrée opération à l’été 2018 pour fêter les dix ans de My Little Paris : vous avez décidé de transmettre vos savoir-faire aux autres sous forme d’ateliers. Vous avez ouvert vos bureaux à tout le monde. C’est devenu la School My Little Paris. C’était quoi le but ?
Amandine Péchiodat – En fait au sein de My Little, parfois on dit qu’on est un peu une sorte d’université parce qu’on propose plein de formations et surtout, on fait en sorte que les gens qui travaillent ensemble ne soient pas de simples collègues, mais qu’ils soient, entre eux, des formateurs. On part du principe qu’on a tous un talent parallèle, une connaissance, un savoir, quelque chose qu’on a appris, qu’on a compris et qu’on peut transmettre à l’autre. Donc, on organise énormément d’ateliers. On appelle ça les Teach Me. Par exemple, quelqu’un qui est responsable marketing ou développeur tech, mais qui va, à côté de ça, adorer la photo argentique ou le baseball, va proposer de faire un atelier et le transmettre. On fait un peu des matchs entre les petits talents des gens et les grands rêves des autres.
Et ça permet de faire des transmissions de savoirs sur ça, mais aussi sur plein d’autres sujets. Ça peut être de la veille des nouvelles tendances. Récemment, on a eu la veille des nouvelles tendances post Covid. Ça peut être la traduction d’un magazine américain du type Fast Company et le report à toutes les autres personnes. Ça peut être un cours d’écriture, un cours pour apprendre à parler en public ou à être à l’aise en public, etc. Et en fait, en voyant le succès et l’intérêt pour tout cette transmission, on s’est rendu compte que en dehors de son métier, en fait, on est en quête perpétuelle de développement personnel ou même de savoir-faire artisanaux.
Et, parti de là, on s’est dit : tiens, on va créer une petite université. Donc on a créé une université d’une semaine qui s’adressait aux lectrices de My Little Paris et lors de laquelle on proposait plein de cours qui étaient donnés par des personnes de My Little, mais aussi par des gens qu’on connaît depuis longtemps, à My Little, avec qui on a beaucoup travaillé, tels que, justement, Patricia Louisor ou l’illustratrice Pénélope Bagieu. Des gens dont on admire beaucoup le travail et qui ont beaucoup à transmettre. Ça peut être aussi des nouvelles personnes influentes, c’est très varié. 
Donc notre communauté venait dans nos locaux qui permettent d’accueillir une centaine de personnes, assister à un cours ou faire un atelier. 
Josiane – Donc, on en revient toujours aux valeurs altruistes : la générosité, le partage, la transmission, qui fédèrent la communauté. Il y a une autre astuce aussi pour engager sa communauté, en fait, c’est de la rencontrer. Alors, ça paraît évident à l’heure du digital, mais on  a tendance un peu à l’oublier ! Je sais que parfois, vous faites aussi des rendez-vous informels dans vos locaux. Vous invitez vos meilleures lectrices, seulement quelques personnes pour un apéro et vous leur partagez vos nouveaux projets, vous échangez sur vos idées. Vous faites ça depuis le début ou ça s’est installé à un moment donné ? 
Amandine Péchiodat – Non, on fait ça depuis le début, de plein de manières différentes. On n’est pas très branchés data, mais on sait quand même à quelle date les gens se sont abonnés. Ça va, c’est pas trop personnel. Et ça nous permet de voir ceux qui sont abonnés depuis très longtemps. Donc on va peut-être mélanger des personnes qui depuis très longtemps avec des personnes plus récentes, puisque les attentes sont différentes. Évidemment, quelqu’un qui est abonné depuis 10 ans, peut-être qu’il connaît Paris comme sa poche, quelqu’un qui vient juste d’arriver dans la communauté My Little Paris, c’est peut-être quelqu’un qui vient de rejoindre Paris. Cette personne ne va pas avoir les mêmes besoins. Pour elle, vivre une première fois à Paris, ça va être aller dans une adresse qui, aujourd’hui, est peut être très, très connue de quelqu’un qui est depuis 10 ans à Paris. Donc ça, c’est ce qu’on essaie de fonder.
Et puis, on le fait sur toutes les communautés. Merci Alfred, qui est un site un peu pour les curieux d’aventures et un peu de réflexion, eux, ils vont faire ce qu’ils appellent des « beer storming ». Ils invitent à des apéros leurs lecteurs, 10 lecteurs autour d’une bière, et ils discutent de ça. My Little Box va faire des rencontres avec ses abonnées, leur demander ce qu’elles ont pensé des dernières box, ce qu’elles ont aimé, ce qui les a déçues. Et puis nous, une fois, on avait fait, notamment, pour nos 10 ans, on avait contacté tous les courriers lecteurs qui nous avaient énormément touchés, en demandant qui se cachait derrière derrière ces personnes, qui elles étaient. Et puis, on avait fait une petite vidéo d’elles pour montrer aussi à notre équipe que derrière l’écran, il y a quelqu’un. Pourquoi ? Parce que moi, j’avais été très marquée par cette phrase d’une lectrice qui disait : « Quand on reçoit la newsletter My Little Paris, on sent qu’il y a quelqu’un et pas un algorithme ». Et moi, je voulais montrer à notre équipe que quand ils écrivent, quand ils codent, quand ils dessinent, quand ils font des photos, etc. c’est pas pour un ordinateur, mais c’est pour une personne. 
Josiane – C’est remettre de l’humain, et c’est vrai que ça me fait penser, en fait, en t’écoutant : la newsletter, en fait, c’est l’endroit de rendez-vous privilégié avec ma communauté. C’est très différent d’un site Internet. C’est très différent des réseaux sociaux. Et même si les algorithmes changent, la newsletter, on ne peut pas te l’enlever. On ne peut pas enlever ce lien concret avec la communauté, c’est pour ça qu’elle est très importante.
Amandine Péchiodat – Tu as tout à fait raison. On ne peut pas te l’enlever. Et c’est vrai que c’est une fierté de continuer à gagner tous les jours des abonnés. On sait qu’ils ne viennent pas parce qu’on est le site des bons plans, etc. Parce que c’est pas ça, il y a autre chose. Je pense qu’il y a un regard qui est différent. Et oui, c’est vrai, tu as raison. On est très fiers ! 
Josiane – Il y a de quoi, je confirme ! Vous avez lancé des newsletters sur d’autres problématiques : il y a la green letter, qui parle d’écologie, il y a Mona sur l’entrepreneuriat féminin. Comment vous choisissez les newsletters que vous voulez sortir ? C’est quoi les enjeux éditoriaux pour ces sujets-là ? 
Amandine Péchiodat – Et bien, en fait, sur My Little Paris – ça, c’est quelque chose dont on n’a pas parlé, je ne sais pas si ça peut intéresser le sujet sur la communauté – on est vraiment dans la curation. Parce que justement, en tout cas, quand on crée une newsletter, moi mon conseil, c’est de ne pas assommer d’informations. Parce qu’au bout d’un moment, on est noyé. Paris, notamment, est une ville tellement riche en lieux qui ouvrent, en idées, que notre communauté n’attend pas de nous qu’on leur propose tout ce qu’il y a à faire, mais qu’on leur propose la meilleure chose à faire à tel moment. D’où la rareté de nos newsletters. Mais derrière, ça cache énormément de travail. Parce que si je parle juste d’une pièce de théâtre, moi, j’en aurai pisté au moins 50. Je ne serais pas allée en voir 50, mais j’aurais beaucoup réfléchi, etc. pour ensuite aller en voir quatre et en sélectionner une seule. 
Mince, qu’est-ce que tu me disais déjà ? Je vais avoir une réputation … 
Josiane – Les autres thématiques, comment tu fais pour fixer les enjeux éditoriaux ? 
Amandine Péchiodat – En fait, sur My Little paris, on voulait continuer à parler uniquement de Paris. Et en même temps, on avait cette frustration parce qu’on avait envie de parler de sujets un peu plus vastes, notamment l’écologie. Et pour ça, on ne voulait pas juste faire une petite news tous les mois. Quand l’envie de faire un sujet de plus en plus fréquemment devient un peu une obsession, on se dit : « Ça, ça veut dire que c’est une communauté ». La green letter, c’était un sujet qui, moi, a commencé à me hanter, un peu comme tout le monde : l’écologie, à un moment, il y a une sorte de réveil brutal. Et je me suis dit qu’on avait cette capacité à influencer notre communauté et qu’il fallait l’utiliser pour, peu à peu, faire intégrer aux Parisiens la possibilité de consommer différemment et de prendre soin de sa ville, de la nature, et de « kiffer l’écologie », comme on dit sur la green letter. Globalement, sur nos newsletters, il y a quand même toujours une sorte de curiosité joyeuse et de réjouissance. Mais ça peut être, et c’est très souvent accompagné d’un combat, derrière tout ça. C’est le cas aussi de Mona ou de Tapage, qui sont des communautés qui sont vraiment sur l’empowerment ou sur l’entrepreneuriat féminin.
Josiane – D’accord ! En fait, on ne voit que peu importe le sujet, l’important, quand on a une communauté, c’est de faire comme on veut, c’est de faire un peu à sa sauce, de s’exprimer comme on l’entend et de trouver la meilleure façon de s’exprimer à des gens qui partagent ces valeurs-là. J’en viens à te demander : quels conseils tu donnerais aux gens qui veulent avoir une communauté ou qui commencent à en avoir une ? Comment est ce qu’il faut parler à sa communauté ? C’est quoi, à ton avis, les best practices à connaître pour communiquer ? 
Amandine Péchiodat – Alors, comment il faut parler à sa communauté ? Je pense que déjà, je l’ai dit : avec autant de sincérité possible. Enfin possible, non : avec 100% de sincérité ! Ensuite, je pense aussi qu’il faut lui donner une sensation de première fois, à chaque fois qu’elle reçoit un texte, ou un conseil. Soit elle a déjà pensé à l’idée, mais elle ne l’avait jamais réalisée, et là, elle va dire « Ah oui, c’est marrant, c’est un sujet qui m’intéresse énormément. Ils ont lu dans mes pensées ». Et donc elle va vouloir rejoindre, découvrir la réponse à cette question. Soit ça va être effectivement, qu’elle n’a jamais pensé à ça et pour le coup, ça l’intrigue, parce qu’elle se dit que la personne qui lui écrit l’inspire et lui apporte de nouvelles fenêtres, une nouvelle manière de penser. 
Après, c’est très important de ne pas rester dans sa tour d’ivoire et de se dire :  voilà, moi je suis là et je ne sais pas qui ils sont, mais en tout cas ils m’écoutent. On n’est pas Dieu du tout, au contraire, on a vraiment envie de savoir ce que les gens pensent de ce qu’on fait. Et là-dessus, il y a vraiment des courriers, moi qui m’ont énormément touchée, où d’un seul coup, j’ai complètement remis en cause moi-même ce que j’avais écrit et on a longuement échangé avec la personne, pour à la fin s’entendre. En tout cas, être vraiment à l’écoute et suivre le courrier lecteur. Essayer de s’organiser dans le courrier lecteurs pour faire en sorte que les messages qui seront les plus anodins soient ceux auxquels on porte le plus d’importance. Évidemment, on reçoit beaucoup de communiqués de presse, de propositions de collaboration. Bon, ça, évidemment, ça permet de faire grandir la communauté. Mais ce qui est très important aussi, c’est que les lecteurs sont un peu des signaux faibles. Quelqu’un qui va nous écrire, soit sa satisfaction, soit son désaccord sur quelque chose, il faut le prendre très au sérieux. Parce que ça veut dire que si lui l’écrit, en fait, il y a 10.000 personnes qui ont peut-être pensé à la même chose, mais bon, qui ne l’ont pas écrit ou qui ont juste décidé de se désabonner, parce qu’elles ne croyaient plus en ce qu’on faisait ou qu’elles avaient été déçues. Donc, c’est vraiment important.
Josiane – Ça veut dire que … Est-ce qu’il y a une newsletter qui n’a pas marché, qui n’a pas pris ? J’en viens à me poser la question. 
Amandine Péchiodat – Ohlala, cette question ! En fait, si tu savais le nombre de choses, même moi, j’ai oublié le nom de petite newsletters, de petites idées qu’on a eues, et qui n’ont pas pris, évidemment. Il y a eu des tonnes d’idées. Je peux te parler de 3-4. Une fois, on a voulu lancer le concours du meilleur QG de Paris. On voulait que les Parisiens votent pour leur bar du coin, parce qu’on trouvait que c’était sympa de créer du lien entre les Parisiens et d’élire les meilleurs QG pour que les Parisiens se retrouvent. On voulait vraiment que les Parisiens, comme je le disais, sortent de chez eux et se retrouvent entre eux et disent : « Ah tiens, ça, ça a l’air d’être un QG sympa ». Et on a voulu dire beaucoup trop de choses, on n’a pas été assez clairs et ça a été un non-sujet ! 
On a eu franchement au moins 200 idées de newsletters : la newsletter Cinéma, du dimanche soir, il y a eu la newsletter des insomniaques, ou plutôt, c’était le site des insomniaques, qu’on ne peut lire qu’entre minuit et 5h du matin. 
Josiane – Qui n’est ouvert qu’entre minuit et 5h du matin ? 
Amandine Péchiodat – Exactement ! Qu’est-ce qu’on a fait ? Après, on a lancé aussi des applis, des applis qui n’ont pas bien fonctionné. Je me souviens qu’on avait créé une appli spéciale anniversaire, pour que, à l’époque où il n’y avait pas les petits emojis, sur WhatsApp, etc., on pouvait envoyer à quelqu’un une bougie d’anniversaire qu’il soufflerait avec son téléphone. C’était trop marrant de voir ça : avec un mouvement du téléphone, si tu soufflais sur la bougie, la bougie s’éteignait ! En fait, on avait complètement oublié que tout le monde n’avait pas le même type de téléphone. Et nous, on avait développé l’appli que sur un type de téléphone. Mais vraiment, la grosse bourde ! Donc on s’est retrouvés un peu comme des cons, à se rendre compte qu’on n’avait pas du tout pensé de manière globale. Et voilà, on avait fait tout un foin de ça, alors qu’en fait, ça marchait pas bien. Enfin, tu vois vraiment on en a plein ! 
Après, évidemment, c’est sûr qu’il faut lancer toutes les idées auxquelles on pense. Ce qui est important, c’est d’aller au bout. En tout cas, d’avoir quand même une idée suffisamment fixe pour qu’on sache si elle peut marcher, si elle nous excite aussi, si on a vraiment envie de partir là-dessus. Parfois, il y a des projets qu’on a envie de lancer, et puis, quand on se rend compte de ce qu’on va réellement faire, ça ne nous donne pas envie. 
Mais je trouve que c’est vraiment important… Nous, quelque chose qu’on conseille beaucoup à My Little, c’est, quand on a une idée, il faut toujours faire une version, on appelle ça le shitty prototype, c’est-à-dire une sorte de version un peu prototypée, avec les moyens du bord, peut-être 20€ de budget, du scotch et une ficelle, un papier, un crayon. Et vraiment présenter le projet à quelqu’un d’autre pour voir si ça allume des étoiles dans ses yeux, s’il va comprendre. Et puis ensuite, seconde étape investir un peu plus d’argent pour le lancer. Mais ça, je trouve que c’est un conseil vraiment important : shitty prototype. 
Et puis après, effectivement, on peut tester auprès d’une communauté un peu d’ambassadeurs ou de fans, des idées qu’on a, en leur disant : « Voilà, vous êtes les premiers à le savoir… » On peut aussi récupérer beaucoup de contenu de la part de nos lecteurs. C’est ce qu’on a fait quand on a fait un sujet sur l’amour. On voulait avoir des histoires, de belles histoires parisiennes, ou des moches histoires parisiennes, tout nous intéressait, les histoires d’amour, en tout cas. On a demandé à notre communauté de nous raconter un moment où il avait ressenti de l’amour à Paris, pour quelqu’un, pas pour un monument, pour quelqu’un. Et on a eu des centaines de témoignages. Là, on a vraiment senti à quel point les gens se livraient. Le fait de se livrer autant, ça voulait dire qu’on n’était pas des inconnus pour eux.
Josiane – C’est eux, finalement aussi qui vous insufflent les sujets. Il y a vraiment un partage dans les deux sens. 
Amandine Péchiodat – Ah, complètement, complètement ! 
Josiane – C’est génial, merci beaucoup ! C’est trop bien. Alors, je finis avec mes trois petites questions de d’habitude. Est-ce que tu peux me raconter un échec dans ton parcours et nous dire ce qui t’a apporté ?
Amandine Péchiodat – Ah, ça, j’ai du mal à répondre… Un échec dans mon parcours … Non, je sèche. On a l’impression d’être en entretien de recrutement, désolée ! Aha ! 
Josiane – Donne-moi tes trois qualité, Amandine, s’il te plaît, aha ! 
Amandine Péchiodat – Ahaha ! 
Josiane – On restera sur les newsletter qui n’ont pas marché.
Amandine Péchiodat – Oui, oui, c’est ça, ça répondait. Je pense que la question précédente y répondais. 
Josiane – Ça anticipait le sujet ! Et qu’est-ce que tu te dis dans les moments difficiles ? Parce que, quand même, être cofondatrice d’une boîte, évidemment, j’imagine qu’il y a des moments géniaux, et puis des moments où c’est plus difficile. Qu’est-ce que tu dis, dans ces moments-là, pour continuer ? 
Amandine Péchiodat – Alors ça, comme ça arrive souvent, je me dis que tout passe, que ça aussi, ça va passer, les bons moments, comme les mauvais moments. Il y a déjà ça qui est important. C’est vrai que j’ai souvent de la peine quand des gens de l’équipe partent. Je suis très attachée … moi, je sais que je me lève tous les matins pour des milliards de raisons, mais notamment, j’ai envie de me lever le matin parce que j’ai effectivement hâte d’écrire à ma communauté, notre communauté, mais aussi parce que j’adore travailler avec les gens de My Little. C’est aussi une communauté en soi. Et je me dis que quand ça va pas, etc., je me dis : « Mais quelle chance j’ai de travailler avec des gens pour qui il n’y a pas juste un intérêt professionnel, mais vraiment qui m’enrichissent tous les jours de leurs idées. » Et ça, c’est aussi, quand ça ne va pas, c’est revenir sur ses fiertés, de tout ce qui s’est passé ces 10 dernières années et de l’esprit vraiment qu’on a construit au sein de My Little.
Et puis aussi, vraiment, ça, c’est tout récent, mais prendre du recul et faire un tout petit peu de méditation quand ça ne va pas. On ne le dira jamais assez. Je pense qu’on comprend pas assez les bienfaits de la méditation tant qu’on la pratique justement en faisant tout l’inverse de ce qu’il faut, c’est-à-dire en essayant de ne pas penser, de résoudre des choses pendant 10 minutes et de s’enfermer dans son mental. Mais réellement, prendre 10 minutes pour prendre un tout petit peu de recul et se rendre compte que rien, que peu de choses en fait, sont graves et surtout, peu de choses sont graves, dans le monde du travail,  longtemps. Ça permet de prendre du recul et de se réveiller le lendemain matin avec un autre état d’esprit. 
Josiane – Est-ce qu’il y a un entrepreneur ou plusieurs entrepreneurs, entrepreneuses, qui t’inspire ?
Amandine Péchiodat – J’ai le droit de dire que les gens de My Little Paris m’inspirent, aha ? Déjà, en fait, à My Little, on fait énormément de veille et donc, comme beaucoup de personnes présentent des parcours d’entrepreneurs, c’est vrai que je ne connais pas ni forcément les noms ni les parcours des entrepreneurs. Par contre, les gens qui nous présentent ces parcours à chaque fois, ils ressortent quelque chose, une petite phrase, une manière de penser, etc. Et ça, je trouve que c’est vraiment très riche. Après moi, évidemment, ma soeur Fanny, mais aussi les autres associés, tous à leur manière, Céline et Anne-Flore, ils ont chacun une sorte de qualité entrepreneuriale et en fait, un entrepreneur aussi, comme on dit tout le temps, et comme Fanny le dit souvent, c’est bien savoir s’entourer. Et nous, je trouve que les associés de My Little qu’ont était, et encore maintenant, on est très bien, on est une bonne équipe. En fait, chacun se complète de quelque chose. Je trouve que c’est très, très important, en conseil à donner. 
Et enfin, la dernière fois qu’il y a un truc j’ai trouvé hyper intéressant comme contenu, c’était Kevin Kelly, qui est le fondateur de Wired, et qui, pour ses 68 ans, a partagé les conseils que tout le monde devrait avoir reçu une fois dans sa vie. Il y a des conseils très, très variés. Parfois qui sont hyper simples. Mais c’est vrai que bon, voila, on se dit à 68 ans, il a enfin peut-être compris des choses sur lesquelles nous, on galèrent énormément. Donc je te conseille de les lire, c’est Kevin Kelly. Tu peux lire aussi d’ailleurs la traduction de ses conseils sur le site de Merci Alfred qui, du coup, a sélectionné 28 de ses 68 conseils. 
Josiane – D’accord, super ! Je mettrai tous les liens dans les notes de l’émission, merci beaucoup ! Merci Amandine d’avoir accepté l’invitation et d’avoir partagé tous ces conseils sur la communauté. J’espère que ça donnera envie à tous ceux qui nous écoutent d’en lancer une. On attend vos communautés avec grand plaisir. J’ai une toute petite dernière question : où est-ce qu’on peut diriger les gens qui nous écoutent, qui veulent en savoir plus sur toi ou sur My Little ? 
Amandine Péchiodat – Ecoute, ce qui est ce qui est le mieux, c’est effectivement d’aller sur le site de My Little Paris, et notamment après on a, à l’intérieur du site, on a un sous-site qui s’appelle Inside My Little Paris, ça leur permet de voir un peu qui on est, ce qui compte pour nous, etc. 
Josiane – D’accord, OK, super, je mettrai ça. Merci beaucoup ! Le prochain épisode sera sur les systèmes, savoir comment mettre en place des systèmes pour ne pas devenir fou. Et j’interrogerai Matthieu Stéphanie, qui s’y connaît pas mal en podcast, puisque c’est le créateur de Génération Do It Youself ! N’hésitez pas à nous dire en commentaire si l’épisode vous a plu. Et puis, surtout, si vous avez une communauté et comment est-ce que vous interagissez avec elle ! 
Je vous souhaite une bonne journée à tous, une bonne continuation et à bientôt. Au revoir ! 

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Josiane

Journaliste indépendante, auteure chez Flammarion et autoentrepreneure freelance, je suis allée à la rencontre d'entrepreneurs inspirants pour réaliser le podcast La Méthode LiveMentor