Chloé Templier : Fondatrice de Hopal

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Aurélie Surget

Illustration de Chloé Templier : Fondatrice de Hopal

Aujourd’hui on vous présente Chloé Templier. C’est après plusieurs tentatives qu’elle se lance enfin, avec toutes les clefs en main, dans la freelance. Découvrez son histoire.

Présente-nous ton histoire Chloé :

  • Ton parcours

J’ai grandi en région parisienne. Mon père est médecin, ma mère travaille dans les Ressources Humaines, et j’ai un frère qui a 3 ans de moins que moi.

A l’école, j’avais de bonnes notes dans toutes les matières, on m’a donc orienté vers un bac S : “tu pourras faire ce que tu veux après”, puis vers une prépa maths-sup / maths-spé, qui me préparait à passer les concours des écoles d’ingénieurs. “Tu pourras faire ce que tu veux après”. J’ai donc suivi le chemin, et j’ai intégré une école d’ingénieur, Centrale Lille. C’était toujours le même discours “tu pourras faire ce que tu veux après”.

Et puis les années ont passé, je me suis retrouvée en dernière année, et je n’avais absolument aucune idée de ce que je voulais faire après. Surtout que l’après, c’était maintenant.

Comme faire des choix, ça n’était pas trop mon fort, j’ai rejoint une petite boîte de consulting. On me vendait la possibilité de travailler sur plein de projets “à forte valeur ajoutée”, à des niveaux stratégiques, avec une vision 360… L’équipe était petite, on était moins d’une dizaine quand je suis arrivée.

J’ai été affecté à un projet d’une très grosse entreprise française, et je me suis éteinte petit à petit, ça n’était pas du tout pour moi. Je faisais des chutes de tension, j’avais des vertiges, et j’ai commencé à faire des crises d’angoisse. Vu que je sortais tout juste de mes études, je culpabilisais beaucoup de ne pas réussir à me faire au monde du travail, et que franchement, je n’étais pas à plaindre.

  • Le changement

Mais je continuais à être malheureuse. Après avoir essayé de partir plusieurs fois, j’ai finalement réussi à m’autoriser à trouver un autre métier, et j’ai rejoint une start-up. Il n’y avait aucun entrepreneur dans ma famille, et rejoindre une start-up me semblait être un choix risqué par rapport à la carrière toute tracée “dans les grandes entreprises” et “dans le conseil” que je m’étais imaginée.

Et là, une autre période de ma vie professionnelle a démarré : j’ai rejoint l’équipe de Morning. Elle n’avait pas encore cette identité de marque à l’époque, et elle était affilié à Bureaux A Partager. Nous étions 5 dans l’équipe, et 20 au total avec l’équipe de Bureaux A Partager. Ce fut un formidable apprentissage pendant 4 ans.

Morning gère des espaces de coworking à Paris, et a intégré à son offre d’autres métiers au fur et à mesure de son développement : événementiel, conception et aménagement de bureaux pour des clients externes. La boîte est passée de 20 employés à 120 en 4 ans, en étant rentable dès la 1ère année.

J’ai pu découvrir ce qu’était une boîte qui cherchait à créer un modèle loin des pyramides hiérarchiques et du management paternaliste de mes précédentes expériences. L’objectif en grandissant était de continuer à incarner nos valeurs : confiance, responsabilité, autonomie, ego de côté. Dans cette quête, le livre Reinventing Organizations de Frédéric Laloux a été une grande source d’inspiration pour toute l’équipe.

J’ai occupé 3 postes différents au cours de mes années là-bas : gestionnaire d’espace de coworking, puis responsable de la formation, et enfin responsable des cafés-accueils. Pendant un an et demi, j’ai expérimenté le travail à distance (c’était avant la période Covid !), en étant un pied à Paris, et un pied à Annecy.

Finalement, en août 2019, j’ai décidé de quitter Paris, et de m’installer à 100% à Annecy, et j’ai donc quitté Morning.

  • Ton projet

En quittant la région parisienne, et en m’installant à Annecy, j’avais envie de prendre un moment pour m’ancrer dans le territoire, et réfléchir à la suite : retrouver un poste salarié ? Oui, mais est-ce que j’allais trouver une boîte aussi libre et “responsabilisante” que Morning ? Me lancer dans un projet entrepreneurial, en rejoindre un ? Finalement, l’option “freelance” était celle que j’avais le moins envisagée. Je suis allée mettre les mains dans la terre avec des maraîchers, j’ai fait du fromage de brebis, et j’ai obtenu mon CAP Cuisine en candidat libre.

Et puis de fil en aiguille, de rencontres en projets, l’idée a fait son chemin.

En quittant Paris et Morning, une partie de moi avait envie de “tout laisser derrière” et “recommencer à zéro”. Les derniers mois à Paris ont été difficiles. Je n’en pouvais plus de la ville, du métro, du ciel gris. Je ne voyais plus aucun des aspects positifs que peut avoir cette ville ultra-dynamique, ultra-connectée, et ultra-sociale. Cela s’est accompagné de doutes sur le métier que j’avais envie de faire.

Avec le recul, j’ai réalisé que ce que j’avais fait chez Morning me plaisait toujours autant, mais j’avais besoin d’un nouveau cadre de vie. Une fois ce cadre de vie stabilisé, j’étais prête à reprendre le type de projets et de missions que j’avais pu expérimenter 

  • Les premières idées

Mais encore fallait-il poser des mots sur ce que j’avais fait chez Morning, et sur l’expertise que je pouvais proposer en tant que freelance.

Un premier élément est ressorti assez vite : j’avais envie de travailler avec des petites boîtes, celles qui ont passé le stade du démarrage, et qui vont commencer à se développer. Pour certaines boîtes, cela se fait à partir de 5 salariés, pour d’autres c’est plutôt vers 15-20. 

Pour l’expertise que je voulais leur apporter, c’était un peu plus compliqué. J’ai donc un peu balbutié : toutes les notions autour des entreprises libérées, Opale (le fameux bouquin de Frédéric Laloux, Reinventing Organizations que je mentionnais plus haut) m’intéressent énormément, mais je ne me sentais pas de proposer un accompagnement focalisé uniquement sur ça.

Mon vrai atout, c’est l’organisation, la structuration, la rigueur, et ma connaissance d’Asana, un outil de gestion de travail collaboratif. J’ai donc choisi de me recentrer sur ça, et d’aborder les questions d’organisation et de culture en passant par cette porte d’entrée : process et méthodes de travail collectives, et outils associés.

  • Les démarches de création

J’ai créé un statut de micro-entreprise. Au moment où je l’ai fait, je n’étais pas encore bien sûr d’où j’allais. J’avais envie de quelque chose de léger, et qui n’était pas trop engageant. Je savais que si je changeais d’avis, les démarches pour clôturer mon statut étaient simples.

  • Les difficultés rencontrées

Le plus dur, en démarrant, a été de faire des choix. Moi qui aime toucher à tout, je devais développer une expertise, et me focaliser sur une offre. J’ai fait la girouette pendant plusieurs semaines, j’avais trop peur de m’enfermer dans une case, et de me retrouver à faire des missions identiques. 

Quelques mois plus tard, je réalise combien cette peur était infondée ! J’accompagne plusieurs de mes clients dans leur prise en main d’Asana, et la thématique a beau être la même, les problématiques sont toutes très différentes, et je suis loin de m’ennuyer !

L’autre difficulté, c’était la partie commerciale. Comment faire un devis, une proposition commerciale, quel tarif, comment estimer le temps de travail d’une mission. Convaincre. Quel enfer pour moi ! 

Et enfin, la dernière difficulté, ça a été de ré-apprendre beaucoup de choses que je pensais savoir. 

Quand j’étais chez Morning, j’ai animé des dizaines de formation sur Asana. Mais en changeant de contexte, en présentant l’outil à d’autres entreprises, avec leurs manières de travailler et de collaborer différentes de celles que j’ai pu connaître. Je me suis retrouvée parfois en difficulté, un peu submergée par la tournure que pouvait prendre une formation ou une présentation de l’outil, avec des questions auxquelles je ne m’attendais pas, ou des sujets à adresser que je n’avais pas du tout anticipé. 

Quel a été le déclic pour entrer dans le monde de l’entrepreneuriat ?

Quelques mois avant de créer mon statut, je me suis impliquée dans un projet porté déjà depuis plusieurs années par une personne de mon réseau. Sur le papier, tout semblait coller. Nous avions deux profils très différents et très complémentaires. Lui recherchait un.e associé.e pour que son projet accélère, et moi, l’aventure entrepreneuriale me disait bien. Mais finalement, notre complémentarité signifiait surtout que nous avions des manières très différentes de travailler. S’associer n’était pas le bon modèle pour nous.

J’ai compris que je n’étais pas prête à m’associer à quelqu’un. J’avais besoin de créer quelque chose de mes propres mains.

En parallèle, je me suis impliquée sur d’autres projets où naturellement, j’apportais mon côté “organisation, structuration”. Tout ça a fait tilt : il fallait que je teste d’être freelance.

Comment as-tu vécu ton expérience LiveMentor ? 

Ça a été un vrai tremplin pour moi. En créant mon statut, je me suis dit que je voulais être accompagnée sur la partie commerciale, mais pas trop non plus parce que ça pouvait vite devenir une excuse pour ne pas m’y mettre, et attendre que la formation soit terminée pour vraiment me lancer.

J’ai aimé l’approche de LiveMentor. Je me suis reconnue dans les newsletters d’Alexandra Dana (vous bossez bien vos personas chez LiveMentor, pas de doute !), et je me suis donc inscrite à la formation “Vendre & Convaincre”.

Les vidéos m’ont permis de défricher le sujet, de comprendre tous les axes sur lesquels j’allais devoir progresser. Le mentoring avec Cécile Bonnet m’a transformée. J’ai démarré ma formation en novembre, avant cela j’avais eu 1 contact-client mais le devis n’avait pas été validé. En décembre, 1ère demande pour un gros projet, avec 25 jours à facturer à la clé, et le devis a été validé !

Cela a continué comme ça ! Toutes mes propositions commerciales ont été acceptées depuis et j’ai même augmenté mes tarifs au fur et à mesure car j’avais démarré très bas.

Quelles sont les prochaines étapes dans le développement de ton projet ?

Tester de faire des missions à plusieurs ! Ça aussi, c’est parfois difficile, quand tu te retrouves face à un sujet qui te donne du fil à retordre, et que tu n’as personne avec qui échanger tes idées. Dès que je me suis mise à mon compte, j’ai cherché d’autres freelances proposant une offre similaire. Je l’ai fait sans trop réfléchir, mais ça me semblait absolument indispensable.

J’ai rencontré Solène comme ça, en trouvant son profil sur Malt. Quelques mois plus tard, nous voilà travaillant sur une mission commune ! On échange régulièrement, et c’est super précieux pour moi.

Un autre axe de développement, ce sera de faire des missions avec des clients dans le coin d’Annecy. Tous mes clients sont à Paris, et j’en ai un à Lyon. Les missions à distance me conviennent très bien, mais j’aimerais aussi pouvoir apporter mon expertise aux entreprises qui se développent ici. Il y en a beaucoup !

Si tu devais recommencer à 0 demain, que changerais-tu ?

Ah bah évidemment, j’aimerais dire à la Chloé qui s’est pris la tête de nombreuses fois de se mettre moins de pression, d’être patiente et confiante. Mais sinon, tout ce par quoi je suis passée fait ce que je suis aujourd’hui. Même si parfois je me plains des difficultés que j’ai pu traverser, on ne refait pas le match. Il faut regarder vers l’avenir.

Un conseil pour les personnes qui veulent se lancer ?

Contacter des gens, discuter, échanger, parler de son projet et de ses interrogations.

Avant de sauter le pas, il m’arrivait parfois, en discutant avec quelqu’un qui me demandait où j’en étais, de lui dire des choses que je n’avais jamais formalisées. 

Pendant un an, avant de me mettre à mon compte, j’ai multiplié les rencontres. Je me suis impliquée sur plusieurs projets, et c’est en voyant des entrepreneurs autour de moi que j’ai accepté cette idée que moi aussi, je pouvais en faire partie ! Et que si l’idée est présente depuis un moment, elle reviendra, c’est sûr. Il ne nous reste qu’à l’écouter et à se lancer !

Pour retrouver Chloé sur ses réseaux :

LinkedIn : linkedin.com/chloé-templier

Pour aller plus loin…

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Pour retrouver l’ensemble de nos portraits d’entrepreneurs, c’est par ici.

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